UN ENFANT
(Mario Pelchat - 1964, /)
Avec son aimable autorisation
A force de claquer ma vie
Entre mots et accords et puis...
A force de sentimentalité
Je ne sais rien apprivoiser
Un enfant que j'endormirais
S'il m'était permis de le prendre
De l'accueillir et de l'entendre
Serait je crois ma plus grande prière
Le temps d'apaiser ses colères
Pour qu'un homme au moins se souvienne
Qu'il a été petit hier
Et que si longues sont les peines
Il faut bien que cesse la guerre
Tu les entends
Ce qu'ils disaient alors
Les réponses des grands
Faut les attendre encore
Avec l'Amour tu les auras toi-même
A quoi bon les discours
T'inquiète pas ... Je t'aime
A force d'inventer des nuits
Des femmes dans mes insomnies
A force d'incompatibilité
Je ne sais pas comment aimer
Un enfant que je bercerais
Si seul'ment je savais guérir
Son passé lourd de souvenirs
Serait de loin ma plus grande victoire
Le temps d'étreindre sa mémoire
Qu'un homme sache combien libre
Il peut continuer de marcher
Et de trouver son équilibre
En défiant sa fragilité
Tu les revois ce qu'ils étaient alors
Entre alcool et fracas
Ils se croyaient très forts
Avec l'Amour. Ils s'imaginaient même
A l'abri des vautours
T'épargnant les je t'aime
A force de craindre la mort
Et les vertiges de mon corps
J'ai fait mon deuil de l'immortalité
A force de ne pas cerner
Cet enfant. Je protégerais
S'il est juste que dès l'enfance
Il faille imposer ses défenses
Contre l'auteur contre l'autorité
Avant qu'on ait l'âge d'aimer
Ce gamin à qui je m'adresse
Je le connais depuis toujours
Il est en moi je suis de reste
Son camarade de parcours
Tu parleras
Quand t'en auras la chance
De ce qu'on ne dit pas
Qu'on effleure en silence
Quand tu sauras
Te délivrer des murs
Qui volent en éclat
Quand montent tes blessures
Quand tu sauras
Pour tes enfants toi-même
T'oublier tu pourras
Te saouler de je t'aime.