14 ans après, je ne peux faire le deuil de mes filles.
14 ans après, je ne peux toujours
pas faire le deuil de la perte de nos deux filles .Nées, très
prématurément, à 24 SA, je suis repartie de la maternité
le ventre plat, et sans rien.
Plus rien.
Conçues grâce aux FIV, le jour de l’annonce de ma grossesse a été
mer-veil-leux. Je suis la plus heureuse, mais…. , à cause des traitements,
j’ai des douleurs terribles au ventre et des problèmes aux ovaires. Je
dois arrêter de travailler, me ménager. Ma belle mère, habitant
juste à côté, me montre bien que d’être enceinte,
ce n’est pas une maladie.
Pourtant, j’ai mal, mal, tout le temps. Visite chez un grand spécialiste,
un certain lundi : « vous vous écoutez trop, allez
vous changer les idées, allez promener votre chien ».Ce que
j’ai fait, pliée en deux.
Trois jours après, je perdais du sang. Illico à la maternité.
Perfusion, je ne réalise rien.
Trois jours après, je pars en salle d’accouchement. Je viens de perdre
plein de sang. Impossible de joindre mon mari, le téléphone sonne,
mais il n’entend pas.
Seule en salle d’accouchement. Un autre, dans la salle juste à côté
a lieu. Sans doute un enfant à terme. Je suis seule et mon premier
bébé arrive. Je le tiens pour qu’il ne tombe pas sur le carrelage
et j’appelle « au secours ».Incapable de le prendre
sur mon ventre.
Je suis endormie, je fais un cauchemar. Une sage femme arrive et me prend mon
enfant, qui pleure, et l’enroule dans un drap vert en me suppliant de ne pas
regarder.
Le deuxième arrive, j’ai à peine touché sa peau. Même
scénario.
ET puis….
Plus RIEN !
J’appelle en pleine nuit mon beau frère, je deviens folle, je fais un
cauchemar.
Et non, le lendemain, je me réveille malgré « la tonne »
de calmant, et mon ventre est plat. Plus rien. Plus de trace.
Hormis le fait (traumatisant), de ne pas avoir osé les serrer dans mes
bras, mes chéries sont parties au ciel, comme deux crevettes, comme des
animaux
Elles n’ont aucune existence reconnue. Je vous passe bien sûr les détails
quant à la famille, je préfère ne pas m’étendre
sur le sujet …
Le personnel de la maternité ne m’a RIEN expliqué ; J’en suis sortie le ventre
plat, comme si j’avais subi une opération de l’appendicite .Mon mari
a été démuni aussi
C’était en Juin 95.
Il y a 3 ans, je n’en pouvais plus, j’avais besoin de savoir pourquoi, et où
sont elles ?
Mon mari a récupéré le dossier à la maternité.
Rien, ils n’écrivent même pas le sexe, le terme, ni qu’elles vivaient.
Moi seule (et la sage femme) les ai entendues pleurer, elles étaient
vivantes, elles pesaient 600 gr chacune ( « gaffe du super
méga obstétricien », le lendemain, à la fois le poids
et le sexe ) .
J’ai maintenant trois enfants nés ensuite, nous pourrions être
les plus heureux, mais, je ne peux pas continuer tant que mes deux filles ne
feront pas partie de notre famille, elles n’ont pas de sépulture, et
c’est mon souhait le plus cher. Apparemment il est trop tard.
C’était il y a 14 ans, et je souffre toujours autant, je voudrais tant
savoir que faire, écrire au procureur, elles sont nées à
Lille,
Qui peut m’aider ?
Valérie
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