Giulia,
Jumelle
de Gemma, tu nous manques tant...
Le 12 aout ,cela fera 3 mois que ma douce Giulia est partie.
Ma douleur se fait plus vive, plus forte chaque jour, pourquoi???
Quand j’ai appris que j'attendais des jumelles ou plutôt « qu’il
y en avait deux », j'étais étonnée, mais si
heureuse.... C'était des vrais jumeaux, « grossesse monochoriale
bi-amniotique ». j'étais fière !
A
3 mois , j'apprends que ce sont des filles!!!! « Youpi »
c'est ce que je désirais. Quand on me demandait : "tu es enceinte
de combien" j'étais une vraie gamine de pouvoir dire que c'était
des vraies jumelles!!!! Ma grossesse s'est bien passée malgré
la fatigue, ce qui était normal puisque j'ai 36 ans et 5 enfants devant
( 14 ans , 13 ans , 9 ans, 5 ans et 2 ans).
Mon gynécologue disait que ce seraient des petits bébés,
mais que leurs courbes étaient satisfaisantes. Il n'y avait pas lieu
de s'inquiéter. A partir du 7 ème mois
de grossesse, j’avais une visite une fois par semaine à la maternité,
pour une échographie et un monitoring .
Là
aussi , à chaque visite tout allait bien. Comme j'avais hâte de
les voir mes princesses !
Ma
valise était prête, des bodys, des pyjamas..... J’avais décidé
qu'elles seraient habillées pareilles, du moins au début, « histoire
de m'amuser » à les confondre. ……
Ma famille, mes parents, mes soeurs, étaient vraiment heureux
de l'arrivée des petites jumelles. Tout le monde était "gaga" !
Les parrains et marraines étaient choisis. La chambre était prête....
il fallait tout faire en double, « c'était trop bien » !
Le « déclenchement » était prévu
le 6 mai.
Je
suis arrivée à la maternité à 8h du matin, avec
mon mari. Ce jour là, les sages femmes étaient occupées.
On m’a installée dans la salle de travail, je stressais un peu, mais
j'étais si heureuse de savoir que j'allais bientôt être maman
de jumelles, mes poupées allaient arriver. La péridurale a été
posée a 9h30, la sage femme m’a dit qu'elle était occupée
avec une autre maman, que le déclenchement se ferrait plus tard . Mon
mari est parti un petit moment pour être avec notre fils de 2 ans. On
s'envoyait des messages pour s'informer de l'évolution. d'ailleurs ce
jour là je recevais des tas de messages. L'heure tourne et toujours personne,
je restais des heures entières toute seule. Pourtant on m'avait toujours
dit que pour un accouchement de jumeaux on était bien entouré,
ce ne fut pas mon cas.
La sage femme arrive et me met le produit pour dilater le col, le
travail va enfin commencer. ouf................ sur le monitoring, la sage femme
voit que le coeur de la première jumelle ,de Giulia ,ralentit, elle me dit que ce n'est rien... ….j’envoie
vite un message à mon mari qui est là en 5 minutes. Ensuite le
coeur de Giulia s'accélère, là aussi il
parait que ce n’est rien..... Elle me perce la poche des eaux, le liquide est
teinté, elle me met des antibiotiques.
Je suis dilatée et je veux pousser, elle me fait pousser 30
minutes, mais Giulia ne
descend pas, elle appelle le gynécologue de service, et il décide
de faire sortir Giulia par ventouse, je n'ai pas trop le temps ni de
la voir ni de l'embrasser. Pour Gemma il prend la ventouse aussi. Gemma pleure,
je l'embrasse, Giulia , elle, n’a pas pleuré……
Mon
mari fait des allers et retours dans la salle où se trouve Giulia. Il m'apprend qu'il sont obligés de l'intuber
car elle ne peut pas respirer toute seule. On me rassure en me disant que ça
arrive. Gemma va bien, on l'emmène, je la mets directement au sein, et on
vient nous annoncer que Giulia doit
partir en réanimation. On me la fait voir avant qu'elle parte, et là,
je fond en larme, ma petite puce dans cette énorme couveuse qui part.
Gemma ,elle, reste mais va en néonatalogie. Moi,je suis à
l'étage au dessus en maternité, par manque de place.
La nuit est longue, je n’ai pas mes chéries avec moi. Je descends
toute la nuit vers Gemma. Elle tète bien. Le lendemain mon mari
appelle la réanimation, ils lui disent que Giulia dort encore, ils vont lui faire des examens. Avant
d'aller en réa mon mari passe nous voir, nous sommes confiants, d'ailleurs
personne ne s'alarme. Mon mari part, il me tiendra au courant. je suis tellement
fatiguée que je ne suis pas allée avec lui, je suis restée
avec Gemma. J'étais un peu paumée. Une sage femme vient me voir
en me disant qu'il serait bien d'aller voir Giulia, je lui ai dit que j'irai demain, que là
, elle était avec son papa.
Elle a insisté .
Apres ,tout s'est accéléré. Vers 14h une infirmière
de la réanimation m'appelle, pour que j'aille voir Giulia, elle me dit que les résultats de Giulia
sont inquiétants. j' appelle mon papa qui arrive tout de suite. Je n'arrive
pas à joindre mon mari tout de suite. Je réussis à l'avoir
au téléphone, il pleure, je lui demande de me dire ce qu’il se
passe, et là, il m'annonce : « on va perdre Giulia ». Je jette le téléphone, j'hurle......
mon papa m'emmène en réanimation, il faut une petite heure pour
s'y rendre. Arrivée là bas, je tremble, j’ai peur...... avec mon
mari on nous fait entrer dans une petite salle, et on m'annonce que ma fille
chérie, ne vivra pas, elle na pas d'activité cérébrale. …..
le choc, la colère, la tristesse...... je ne comprends pas…….
On m’emmène vers Giulia,
elle est branchée mais je peux la prendre dans mes bras, la caresser,
l'embrasser, elle sent bon......
Le dimanche 8 mai ,nous avons fait baptiser GIULIA, ce jour là il y avait ma belle fille
( fille de mon mari), ma soeur Lisa, le parrain Loïc, mon beau frère,
la marraine Maud ,une de mes meilleures amies ; ce baptême était
étrange, normalement un baptême c'est la joie, la fête...
mais ce baptême était triste, tout le monde pleurait. Je me sentais
inutile pour ma fille, je priais pour que se produise un miracle, que ma fille
vive normalement, qu'on puisse la ramener avec nous, toujours cette question
: pourquoi???????? Le miracle ne s'est pas produit. Les retours à P étaient
très difficiles, laisser Giulia me rendait malade, j'étais pleine de culpabilité.
Le lundi 9 mai l'état de Giulia était stable, je lui ai mis de l'huile
d'amande douce sur son corps, comme elle était belle, sa peau toute douce,
ses petits pieds, ses petites mains, sa belle petite bouche.... je me disais
en la regardant que c'était pas possible, que d'une manière ou
d'une autre elle allait se réveiller, pas ma fille, pas notre Giulia...... nous prenions tous les jours des photos.
Comme je l'aime ma fille...... ! Le mercredi 11 mai ,ma fille Alicia qui
a 5 ans et mon fils Marco 13 ans ont voulu venir. Mes autres enfants n’ont pas
voulu, je nai pas insisté. Ce jour là, nous avons beaucoup pleuré,
Alicia et Marco pleurait beaucoup. Ses frères et soeurs étaient
tellement heureux d’avoir des soeurs jumelles. Je pleurais, je l'embrassais,
j’adorais l'embrasser. L'infirmière venait souvent dans la chambre pour
savoir comment on allait. Je pleurais et je lui ai posé une question
: " mais vous êtes sûre qu'il n’y a pas de solution???"
elle m’a répondue " non, votre petite fille ne se réveillera
jamais" je n'oublierai jamais cette phrase, comme j’ai pleuré. j'embrassais
ma Giulia et je lui ai dit que si elle voulait partir,
elle pouvait, que je l'aimais, que je l'aimerai toujours, que j'étais
désolée de ce qui se passait. Ce jour là j’ai eu du mal
à la laisser. Le jeudi 12 mai quand nous sommes arrivés, les médecins
nous annoncent que Giulia est en train de partir, c'est l'effondrement.
On nous demande comment on veut faire, soit on la laisse partir ,tout en étant
branché ou si on la débranche et on peut l’avoir dans nos bras.
Nous avons decidé, mon mari et moi de l'avoir dans nos bras, ce jour
là c'est mon mari qui la eu dans ses bras, mois j'etais en face et je
pouvais lui parler et l'embrasser, 1 heure après notre arrivée
Giulia nous a quittés. Qu'elle horreur notre fille
s’en est allée.....
Il a fallu de suite penser aux démarches
administratives. Giulia est arrivée le lendemain midi dans la
chambre mortuaire de P. Mon mari est allé la voir. Moi je n’ai pas pu
y aller jusqu'au dimanche, voir ma fille dans cette ……… « boite »
me rendait malade. Nous n’avons pu préparer la cérémonie.
Marie- Line nous a beaucoup aidé. Giulia était entourée de peluches, de dessins,
Loïc, le parrain, est allé lui mettre une gourmette. La cérémonie
a eu lieu le lundi 16 mai. Voir le cercueil fermé était insoutenable.......j'ai
quand même pu lire des textes, j'ai même écrit un texte.
Par la suite, j'ai demandé le dossier médical de ma fille. Sans
rentrer dans les détails, si Giulia n’est plus là c'est parce
que je n'ai pas eu de césarienne, ma fille a souffert de l'accouchement,
son cerveau a manqué d'oxygène.... nous passons en médiation
le 17 aout. A ce jour mon chagrin est immense, je suis en colère,
j’ai l’impression qu'on va me rendre ma fille,, je ne peux pas croire que
je ne la reverrai plus. ELLE ME MANQUE, quand je vois Gemma je vois Giulia. Je pleure tous les jours, Je suis obligée
d'avancer pour mes enfants qui sont là, mais c’est dur. Ma vie
a changé à jamais. et il faut aussi affronter la bêtise
des gens avec leurs réflexions. J'aurais tellement de choses à
dire...
GIULIA, TA MAMAN TAIME TANT. CHAQUE JOUR QUI PASSE
EST UN SUPPLICE.
merci de m'avoir lue
email :
pierre.verbeeck@wanadoo.fr
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