Impossible de le laisser vivre mais si pénible de le laisser partir

 

Nous sommes de nouveau confrontés au deuil.

Après une grossesse à hauts risques, due à mon problème d'immunisation plaquettaire, je suis de nouveau maman d'un petit ange. Notre petit Benjamin est mort-né ce lundi 26 avril 2004. Il pesait 1kg400 et mesurait 32cm. Il souffrait in-utéro depuis la 22e semaine de grossesse, mais personne n'aurait pensé qu'il serait victime d'une hémorragie cérébrale foudroyante à presque 32 semaines.

La décision de stopper la grossesse a été très dure à prendre. Du mercredi au samedi, on a demandé à l'équipe soignante de bien nous expliquer ce qui pourrait arriver à notre tout petit si on tentait de le laisser vivre avec un petit cerveau déjà noyé de sang, des cellules mortes du côté gauche, et toutes les séquelles très graves qui en résulteraient.

La meilleure des solutions a été donc de donner notre accord, la mort dans l'âme, pour cette fameuse injection, suivie du déclenchement, pour aboutir à la naissance de notre bébé.

J'ai demandé à ne pas bénéficier de la péridurale, pour tout simplement accompagner notre bébé jusqu'au bout. Ensuite, j'ai demandé à l'avoir sur mon ventre dès sa naissance. Un bonheur immense rempli de tristesse et d'incompréhension.

Pourquoi lui ? Pourquoi nous?

Le lendemain, une autopsie a été pratiquée. Nous l'avions souhaitée.

Un peu plus tard dans la journée, j'ai pu aller revoir Benjamin.

C'est là que je me suis aperçue du mal qui rongeait ce petit bout d'amour. Il y avait des séquelles physiques flagrantes déjà... C'est là que j'ai pris conscience de la gravité de son état de santé. Il n'y avait vraiment plus rien à faire pour le sauver.

Le plus douloureux a été le moment de la cérémonie, je me suis accrochée à lui, je l'ai tenu une dernière fois contre moi, et puis lorsqu'on a déposé son petit corps parmi les peluches dans son petit cercueil en bois, je me suis écroulée en larmes. Son papa n'avait pas pu être présent. La cérémonie a été très poignante aussi. Et là, j'ai senti mon coeur se serrer encore plus, quand ce petit bout nous a quitté pour de bon. Plus jamais je ne le reverrai, mais il restera à jamais dans mon coeur de maman, et dans celui de son papa.

Aujourd'hui, j'essaie de commencer mon deuil, je regarde sa petite urne tous les jours, je me sens moins seule, je sais que pour le moment il est encore avec nous, à sa manière, et que lorsqu'on sera prêt son papa et moi, on lui fera une jolie place auprès d'autres anges, pour son repos éternel.

Sa grande soeur Pauline a déjà dû l'accueillir le jour de sa naissance, et je pense à eux très fort. (Voir le témoignage anib13.gif "Pauline, je l'ai aimée plus fort que la mort")

Je culpabilise à certains moments, je me dis qu'au lieu de lui donner la vie, je lui ai donné la mort...et puis je me ressaisis en me disant que notre geste a été un geste d'amour, pour qu'il ne connaisse plus cette souffrance.

Nous ne t'oublierons jamais, petit Benjamin.

 

mai 2004

 

note : Pauline et Benjamin ont eu une petite soeur, Claire, IMG effectuée en juilllet 2005 (Voir le témoignage anib13.gif "Ma petite Claire")

 

 

 

 

 

 

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