J'attendais des jumeaux grâce à des traitements médicaux
Je m'appelle Marjorie, j'ai 27 ans, et je viens de perdre mes petits jumeaux tant désirés, Gabriella et Lilian, le 22 janvier 2003 suite à un accouchement prématuré survenu en semaine 24 de ma grossesse.
Après 2 années terribles de traitement à base de stimulation ovarienne, je suis enfin tombée enceinte le 21 août, et
déjà la peur et l'angoisse se sont installés : premier verdict 4 bébé in utero.
Ma gynécologue affolée, m'envoie d'urgence à l'hôpital Béclère à Clamart dans le service du Professeur Frydmann. Je me suis rendue plusieurs fois aux urgences pour de forts saignements. La première fois on ne détecte rien de bizarre, les 4 bébés étaient vivants. La seconde fois on me dit que j'ai sans doute en plus des 4 bébés in utero, une grossesse extra-utérine dans la trompe gauche, mais rien de certain. On me demande de revenir le vendredi.
Le verdict tombe on m'opère d'urgence, on m'enlève la trompe gauche et le chirurgien découvre que j'avais une seconde grossesse extra-utérine à droite ! L'intervention se passe bien, mes 4 bébés étaient vivants !
A partir de là les vomissements n'ont pas cessé en trois semaines j'ai perdu 10 kilos, je ne tenais plus debout, et ne pouvais plus manger, ni plus rien avaler. Le médecin qui m'a toujours suivie à Béclère m'hospitalise. Au bout d'une semaine je rentre à la maison totalement paniquée et déprimée.
Quelques semaines plus tard on me fait la réduction embryonnaire. Encore une fois c'est un succès, deux bébés sont bel et bien vivants. Mon médecin me suit de près, je ne pouvais être en meilleures mains.
Au quatrième mois les vomissements s'arrêtent comme par magie ! ENFIN. Malgré une peur viscérale de les perdre j'arrive à poursuivre ma grossesse. Au début du 5ème mois, j'ai trop d'eau dans les poches ! mais pour le moment on n'intervient pas on attend le mois prochain !
Le dimanche 19 janvier au matin en fin de 23° semaine, en l'espace de 2 minutes, je perds un placenta et me retrouve couverte de sang. La panique totale et l'angoisse la plus horrible me prend, j'enfile un pantalon et mon mari me conduit à l'hôpital, verdict mon col est ouvert à 100% ma petite fille est engagée dans mon vagin, j'ai des contractions, je suis en train d'accoucher. On me met la péridurale, on me met dans les perfs des produits pour arrêter les contractions et là mon long calvaire de 4 jours commence.
On me fait des piqûres de corticoïde pour fortifier les poumons de mes enfants. Je pars sur la table d'opération, le médecin essaie de me cercler, malheureusement le col était trop ouvert. Pendant 4 jours je suis restée en salle de travail, à souffrir, à moitié droguée avec la poche de ma petite fille qui fuyait entre mes jambes. Au 4ème jour à 15h j'accouche et là j'ai tout de suite compris. Une minute après le médecin revient en me disant que mes deux enfants étaient décédés, ils ne pesaient pas 500 grammes. Et là on m'envoie d'urgence en réanimation, car je manquais d'oxygène dans le sang et on s'aperçoit que j'ai une partie des poumons écrasés!!!La cerise sur le gâteau.
Je passe la description de notre tristesse, notre désarroi, notre peine, notre souffrance....
Mon mari est resté avec moi jours et nuits et ne m'a jamais lâché la main même en salle d'opération, sans lui je serais
déjà morte de chagrin.
Mon médecin et l'ensemble du personnel de la maternité de l'hôpital ont tous été merveilleux et exemplaires. Aujourd'hui j'essaie de continuer à vivre sans eux, de surmonter ma peine et de trouver la force en moi.
Nous attendons les résultats des autopsies, et retournons à l'hôpital le 3 avril et cette attente est douloureuse car je ne cesse de chercher à tout prix une explication.
En surfant sur votre site Internet, j'ai pu y trouver un certain réconfort
en constatant que d'autres mamans avaient vécu les mêmes instants que moi et les mêmes sentiments. Je me suis totalement reconnu dans
le témoignage de Sylvia qui a perdu ses jumeaux de la même
façon.
Malgré les épreuves terribles et douloureuses, ces enfants, mes enfants, m'ont apporté la joie d'être mère et de donner la vie, ils ont apaisé mon désir d'enfant qui me rendait folle.
Marjorie Sagot
Voir le faire-part de naissance de leur petite soeur
"Apolline"
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