Lettre à Hugo pour tes 2 ans
Mon
petit Hugo
Bientôt deux ans mon petit cœur que tu es parti…
Je me souviens de ce 02 janvier 2005, de ce test de grossesse fait « au cas où », de l’étonnement lorsqu’on a vu qu’il était
positif…
Cela faisait 2 mois et demi que nous avions perdu ta sœur, nous n’étions pas prêt à retenter cette aventure, nous avions besoin de
temps, mais tu es arrivé, tout doucement tu t’es installé, seulement 6 semaines après que Chloé se soit envolée…
Le choc des premiers jours à fait place à la surprise, au bonheur, mais aussi à la peur, petit fruit de notre amour, j’avais si peur
de te perdre toi aussi !
Mais nous avons tenu bon tous les deux, les trois premiers mois étaient si difficile, je n’osais bouger de peur qu’il t’arrive quelque chose…
Et puis le mois de mars est arrivé, on allait me poser un cerclage, petite opération si importante pour nous, ce petit fil noué autour
de mon col devait garantir ton arrivée en septembre…
Nous étions si heureux, enfin un enfant allait égayer notre vie…
Le printemps était là, les oiseaux gazouillaient, moi je m’arrondissais, je profitais enfin de toi, je te parlais de longues heures, te racontais
notre vie, te décrivais ta chambre, te chantais toujours la même berceuse :
"Reste au creux de moi, mon enfant, mon tout petit
Reste au creux de moi, le voyage n'est pas fini…"
Mamie te tricotait de jolis habilles, papi te préparait une belle surprise, papa préparait ta venue….
J’adorais te toucher, je savais que tu sentais toutes mes caresses, tous mes câlins, souvent tu me répondais par un coup de pied comme pour
dire « maman encore », je me régalais de ces instants de pur bonheur avec toi, de ces moments qui n’ appartenaient qu’à nous…
Et puis un jour malgré les médicaments, le repos, le cerclage, les contractions sont arrivé…, une infection…
La suite fut comme une tornade, entre mauvaise nouvelle, petit espoir…
Et quand la poche des eaux a rompu j’ai su que tout était fini, j’ai essayé de faire ce que je pouvais à ce moment, te dire combien
je t’aimais, combien tu avais remplie ma vie durant ces quelques mois….
Je voulais faire tellement de choses pour toi, te dire au revoir, tout organiser…
Mais maman avait mal calculé le temps de grossesse et il manquait deux jours pour que la loi m’autorise à faire des funérailles…
Mais Fanny notre merveilleuse sage-femme nous a appris que l’on pouvait te faire bénir, organiser une petite cérémonie pour te dire
adieu…
Et puis il a fallu attendre que l’accouchement commence, moi qui était suivie pour grossesse à risque parce que je risquais de mettre un
préma au monde à cause de la non tonicité de mon col, voilà que le col tient, qu’il ne veut plus s’ouvrir, je ne veux pas que
tu partes, je voulais te garder encore pour moi, caresser ce ventre déformé par les contractions, j’entendais encore ton petit cœur battre
et s’accrocher, et au fond de moi j’avais ce fol espoir de te voir vivant, de t’entendre crier, mon petit bonhomme, tu t’es battu si fort, si longtemps….
Mais l’infection gagnait du terrain, et il a fallut vite que tu arrives pour ne pas endommager mon utérus plus qu’il ne l’était déjà…
Tu es arrivé en silence, sans cri, sans pleur, sans vie…
Papa et moi étions sous le choc, nous avions des larmes pleins les yeux mais impossible de dire quoi que se soit, nous voulions juste te voir, te
porter, profiter de toi…
Et tu es arrivé dans les bras de Fanny qui, elle aussi, avait les larmes aux yeux…
Mon petit bonhomme tout emmitouflé dans une petite couverture blanche, avec un joli petit bonnet sur ta tête, et j’entends encore l’expression
de ta papa quand il t’a vu pour la première fois, son cœur a fondu devant toi, il n’osait pas te toucher, tu semblais juste dormir paisiblement…
Comme tu es beau mon fils, tes traits si fin, comme ceux de ta sœur, ton petit nez, tu ressembles à ton papa.
J’ai prié si fort pour voir ton petit corps bouger, ta poitrine se soulever, mais en vain….
Quel Dieu pouvait prendre trois enfants à des parents ?
Quel médecin n’a pas fait ce qu’il fallait ?
Qu’ai je fait pour mériter tout cela ?
Il n’y avait aucune réponse à toutes mes questions !
C’est la faute à personne, à pas de chances comme disent les autres…
Et puis il a fallu te laisser dans cet hôpital, dans ce lieu si froid, alors que tu aurais été au chaud dans nos bras….
Le retour à la maison fut douloureux.
Le silence, les regards des voisins, nos bras vide qui faisaient si mal.
L’indifference.
Et puis moi qui me battais pour parler de toi, de ton frère et ta sœur, pour qu’on connaisse votre histoire… en vain !
Arrive sur ma route une association, un forum, des rencontres avec des mamans qui ont vécu la même perte, la même douleur.
Je retrouve l’envie de vivre, l’espoir…
Je vous garde dans mon cœur comme mes plus beaux trésors !
Depuis, le temps a passé, voilà bientôt deux ans Hugo que tu es allé rejoindre ton frère et ta soeur, j’ai su vous faire
une place dans mon cœur, dans notre famille, j’ai pu lâcher vos petites mains et regarder vers l’avenir….
Bien sûr, certains jours, la solitude est plus forte, la manque oppressant .
Alors, comme pour vous parler je m’assois dans votre chambre, je vous imagine ensemble tous les trois, heureux…
Et je retrouve la sérénité.
Je vous aime mes petits amours.
maman
Sylvie, 05 avril 2007
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le témoignage "Trois anges sont nés"
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la lettre: "Hommage à mes enfants"
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