Lettre d'une maman non desenfantée
Je suis Hélène, la sœur de Sophie, présidente et fondatrice de « L’enfant sans nom – Parents endeuillés ». Quand Sophie a perdu ses bébés, je n’ai pas vraiment compris ce qu’elle vivait.
J’ai vraiment pris conscience de certaines choses cet été, quand une de mes amies m’a appelée, enceinte de 5 mois de son premier enfant et qu’elle m’a dit ne plus sentir son bébé bouger depuis 48h…
Elle a accouché d’un fils mort né.
Avec mon fils de 14 mois « dans les bras », je me suis sentie encore plus désemparée face à elle. Je l’ai tout de suite mise en relation avec Sophie (avant son accouchement) et lui ai remis les témoignages. Cela l’a beaucoup aidée, tant dans les démarches que moralement. Je sais qu’aujourd’hui elle va régulièrement sur le site.
Et là, j’ai vraiment compris ce que, vous, mamans qui avez accouché d’enfant mort né, avez pu vivre. Quand Sophie a fait ce que l’on appelle ses fausses couches, je n’avais pas d’enfant. J’ai été très malheureuse, d’autant plus que nous sommes très proches l’une de l’autre, mais je n’ai pas compris ce qu’elle (et mon beau frère aussi) pouvait vivre, je n’avais pas encore senti mon enfant bouger en moi, vécu l’accouchement, le bonheur de tenir mon enfant dans mes bras. Je n’ai pas oublié Paul, Rachel et Joseph mais jamais je n’ai pensé à dire à Sophie et à mon beau frère que je pensais à eux. Et en toute honnêteté, je ne dis pas que j’ai 9 neveux et nièces, je dis que j’en ai 6.
Aujourd’hui, avec ce que mon amie a vécu, j’ai compris beaucoup de ressenti et j’ai envie de vous dire que ce n’est pas parce que nous ne réagissons pas comme vous le voudriez que nous sommes indifférents et ne pensons pas à nos neveux et nièces. Papa est décédé il y a 4 mois, le deuil est douloureux et je sais maintenant que le deuil de vos enfants doit être encore plus difficile (ou différemment difficile, pardon pour cette phrase pas très française !!) car j’ai des souvenirs avec papa, je peux m’y accrocher et les partager… Ma souffrance est reconnue.
Hélène (Maurepas 78)