Marie si présente

 

 

Le 10 octobre 2003 j’apprends que je suis enfin enceinte, depuis le temps que nous attendions ces mots : « vous êtes enceinte madame ». Cela faisait deux ans que nous voulions donner un petit frère ou une petite soeur pour Valentin notre fils aîné.

 

 

Première écho : tout va bien le bébé se développe bien.

Deuxième écho : tout va bien et nous apprenons que c’est une fille. Une fille, nous allions avoir une fille, quelle joie.

Au fil du temps je sens ma petite fille grandir en moi, une grossesse qui se passe à merveille comparée à celle de mon fils.

Troisième écho : tout va bien, mais le problème c’est que j’ai un placenta pelvien (placenta qui ne veut pas remonter), il faut donc se ménager.

Après mon travail, je me repose, je vais chercher mon fils à l’école et je me recouche pour éviter de trop me fatiguer.

Mais un lundi mon petit ange bouge énormément et je sens un liquide chaud me dégouliner entre les jambes, avec horreur je m’aperçois que c’est du sang alors direction l’hôpital.

Echo : ils me disent que tu vas bien mais il faut du repos complet car il y a des petites contractions et qu’une partie du placenta se décolle. Je reste hospitalisée pendant une semaine, mon ventre s’arrondit de plus en plus et je compte les semaines qui me restent pour pouvoir enfin accueillir ma petite Marie.

Autorisation de rentrer chez moi à condition d’un repos complet, nous sommes à la 30ème semaine, pas question que Marie arrive, il est trop tôt. Alors repos ! Mon mari s’occupait de mon fils et ma mère du ménage, tout le monde s’était monopolisé pour que Marie n arrive pas trop tôt.

Une sage-femme à domicile passait une fois par semaine écouter Marie : tout allait bien.

Mais un matin mon ange me donna un coup très violent puis plus rien. J’ai téléphoné a l’hôpital en leur disant que ma petite Marie ne bougeait plus, ils m ont dit d’attendre : QU’ELLE DEVAIT DORMIR. Marie ne dormait pas, elle s’était endormie à jamais.

Je suis allée à l’hôpital. Une heure après, le gynécologue ne trouvait pas le coeur de Marie et j’entends cette phrase qui résonne encore et qui revient chaque nuit : « Madame c’est fini, elle est morte. » Ils m ont annoncé ça comme la première fois, quand ils m’ont dit que j’étais enceinte.

Voilà, je suis partie en salle d’accouchement, les sage-femmes étaient débordées ce jour là, je suis restée toute seule avec ma peine et mes questions pendant 10 heures. Mon mari était présent aussi mais ne savait que me dire à part qu’il m’aimait et qu’il fallait être courageuse, que Valentin était là et qu’il fallait penser à lui.

Apres deux jours d’attente et de souffrance, ma petite Marie est née sans vie le 6 juin 2004, le jour de la fête des mères.

Aucun soutien psychologique, l’autopsie n’a rien révélé.

Ma petite marie s est endormie depuis un an, mais pour moi la douleur est toujours aussi forte. Elle est toujours avec moi dans chaque étoile, chaque fleur, chaque papillon et bien sûr dans notre cimetière où je peux lui apporter des fleurs, lui parler, l’embrasser, lui dire à quel point c’est difficile de ne pas pouvoir l’embrasser, la toucher et sentir son odeur, et que malgré les mois qui passent, c’est comme si on était au premier jour.

Voilà l’histoire de mon petit ange endormie : MARIE.

 

 

Céline, août 2005

e-mail : Caubout@aol.com

 

 

 

 

 

  arrow04a.gif Retour liste des poèmes/lettres/récits/dessins

arrow02a.gif Retour page d'accueil