Mon petit papillon éphémère

 

 

 A mon tour de vous raconter l’histoire de ma petite fille Maïlys.

 

Je m’appelle Delphine, j’ai 27 ans, et j’attendais mon premier bébé avec impatiente.

 

Maïlys est née le Vendredi 22 Août 2003, elle pesait 2kg600 et mesurait 46 centimètres à la maternité de Meaux (77)

 

J’étais enceinte de 8 mois et 2 jours, lorsque je me suis rendue à la maternité à 8h00 du matin. La veille, j’avais dû la taquiner, lui parler pour qu’elle bouge et je l’avais senti légèrement, ce qui m’avais rassuré. Puis toute la journée plus rien. Elle ne bougeait d’ordinaire pas beaucoup.

 

Le lendemain ne la sentant toujours pas bouger, nous sommes allés à l’hôpital avec mon mari. J’ai très rapidement vu une sage-femme qui m’a auscultée. Elle m’a tout d’abord annoncé que j’étais en travail et  déjà dilatée à 5 cms. Cela m’a beaucoup surprise car je ne ressentais pas de contraction. Puis elle a essayé d’écouter les bruits du cœur de mon bébé et n’a rien entendu. Prétextant que son appareil pouvait être déficient, elle a demandé à l’interne de me faire une échographie. Jusque là, je m’inquiétais plus parce que ma petite fille allait arriver avec un mois d’avance.

 

Lorsque le gynécologue m’a annoncé, très doucement : «Vous savez, …nous n’entendons plus les battements de cœur de votre bébé, …vous comprenez ?» Je lui ai aussitôt répondu : «Vous êtes sûr ? Vous ne vous trompez pas ?».

 

C’était le monde entier qui s’écroulait !

je ne pouvais PAS y croire !

cela ne pouvait PAS m’arriver à moi !

PAS si près du but…

 

Ils ont appelé mon mari qui était dans la salle d’attente. Quand il est arrivé et qu’il m’a vu en pleurs, je lui ai dit :  «Mon bébé est mort.»

 

Nous avons été tout de suite pris en charge par une sage-femme, «Nathalie», une personne formidable, avec beaucoup de tact, d’humanisme, de gentillesse. Les mots me manquent pour dire à quel point je l’estime.

Tout de suite, j’ai dit à mon mari que je voulais voir notre petite fille et aussi avoir des photos d’elle, j’en avais besoin.

Mon mari, ne se sentant pas capable d’affronter cela tout seul, a téléphoné à mon amie Cathy, la meilleure amie que nous puissions avoir, car elle est venue immédiatement à la maternité. Nathalie l’a autorisé à assister à l’accouchement. Elle nous a beaucoup soutenus mon mari et moi.

 

Quand Nathalie m’a dit que je devais accoucher naturellement, cela m’a paru évident. Pour moi, c’était la plus belle chose que je pouvais faire pour ma petite fille «pousser de toutes mes forces, pour pouvoir la voir, l’embrasser, lui parler». Ce jour-là, son âme était avec nous et elle m’a donné sa force.

J’ai donc poussé de toutes mes forces afin de pouvoir voir ma petite Maïlys, j’étais consciente qu’elle n’était plus en vie, mais c’était un besoin pour moi de la voir. J’ai fondu en larmes, à la fois de bonheur et de tristesse, lorsque Nathalie me l’a déposée sur mon ventre. La première chose que j’ai dite, c’est «Qu’elle est belle, on dirait qu’elle dort», elle semblait si paisible, si parfaite, rien n’expliquait ce qui avait pu arriver.

Nathalie a été la laver et lui a mis un petit pyjama que j’avais acheté pour elle, puis me l’a ramenée. J’ai pu garder ma petite fille auprès de moi le temps que j’ai voulu. Nous avons pu la voir à la Chambre Funéraire de l’hôpital lorsqu’elle est revenue de Paris, après son autopsie.

 

Nous avons été très bien entourés par une équipe médicale extrêmement compétente et chaleureuse. Nathalie nous a remis un livret très complet. Il a été rédigé d’après toutes les questions que se sont posés les parents qui avaient déjà vécu le deuil d’un  enfant.

 

La surveillante de la maternité est venue me voir le lendemain, afin de discuter de notre désir de faire ou non des obsèques. Elle nous a tout d’abord donné les choix qui s’offraient à nous : 

-         soit laisser le corps de notre enfant à l’hôpital qui se chargeait de l’inhumer,

-         soit d’organiser nous-mêmes des obsèques.

Elle nous a laissé le temps de réfléchir et surtout de nous renseigner auprès des organismes de Pompes Funèbres. Un petit conseil très utile qui nous a été donné : «Faites marcher la concurrence entre les différentes entreprises», car c’est un vrai «marché», certaines profitent du malheur des gens pour leur faire payer des sommes astronomiques !!!

 

Nous avons organisé des obsèques avec une bénédiction à l’église. Désormais, le corps de notre fille repose dans le cimetière de notre commune et son âme est au Paradis.

 

Depuis le début, je vois régulièrement une sage-femme psychothérapeute, Hélène, avec qui j’ai fait la préparation de mon accouchement. C’est un avantage, car elle me connaissait avant que ce drame nous arrive. Cela me fait beaucoup de bien de pouvoir parler de tout ce que je ressens, et je pense que cela m’aide à faire mon deuil.

 

Maïlys a vécu 8 mois dans mon ventre, cela reste pour moi la plus belle chose qui me soit arrivée. Ce sont des instants inoubliables et je pense qu’il ne faut en aucun cas les oublier mais vivre avec le souvenir de ce bonheur éphémère. Il m’arrive de lui parler et de lui dire qu’un jour, j’espère, elle aura une petite sœur ou un petit frère. Je lui raconterai l’histoire de sa grande sœur. Une histoire un peu courte sans doute, mais c’est la sienne… Je pense qu’il est très important de bien comprendre cela avant de démarrer une nouvelle grossesse. Un autre bébé ne pourra en aucun cas remplacer mon Premier enfant, ce petit être à part entière qu’elle est dans mon cœur.

 

Tout le monde dit, autour de moi, que je suis très forte. J’ai des moments où je suis très triste et je pleure, en me disant que c’est très injuste. Alors, je l’imagine au Paradis, elle est heureuse, très aimée, je suis rassurée.

 

Plus je réfléchis et plus je me dis que c’était son destin et, qu’inconsciemment,  une part de moi le savait sans vouloir y croire.

J’avais très peur de la perdre lorsque j’étais enceinte. Je faisais attention à tout et surtout à mon alimentation, car, pour moi, le risque de contracter la listériose était ma plus grande peur.

J’avais vu un reportage, un jour, à l’émission des « Maternelles » sur France5 : une femme qui avait perdu son bébé à cause de cela, à 8 mois de grossesse.

Je suis désormais convaincu que tout ce que j’ai vécu : les rencontres que j’ai faites, l’histoire de Maïlys… était écrit. Je vous rassure tout de suite : je ne fais pas partie d’une secte !!! C’est si mystérieux cette force que j’ai en moi et qui m’aide à surmonter ce drame. Je pense que Dieu m’a pris mon enfant (cela me fait très mal), mais d’un autre côté, il me donne cette force (ou peut-être est-ce Maïlys qui me la donne) pour surmonter l’immense tristesse que crée ce manque de ne pas l'avoir auprès de moi.

 

Le Vendredi 22 Août 2003 restera le plus beau jour de ma vie car j’ai accouché de ma petite fille. Nous avons pu la serrer dans nos bras, l’embrasser et lui dire que nous l'aimions.

Elle restera éternellement dans nos cœurs, notre petite fille adorée.

 

 

Delphine et Henri-Charles

email : cayzacdelph@infonie.fr

 

 

 

 

 

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