Pauline et Mattéo
Je vais vous raconter mon histoire. Enfin la nôtre : celle de Jérôme le papa et de Pauline la maman.
Mon bébé aurait dû naître ce 11 novembre 2006. Malheureusement j'ai accouché prématurément de Mattéo le 27 juillet dernier.
Depuis le début ma grossesse se déroulait sans incidents. Aucun souci.
Je travaillais encore (je suis infirmière en gériatrie).
Soudain, j'ai dû partir à la maternité, on m'a annoncé très vite que j'allais accoucher dans les heures suivantes. J'étais enceinte de 5 mois et demi. MATTEO est né sans vie, il pesait 780 gr.
C'était un bébé magnifique, bien formé avec beaucoup de cheveux très foncés. Il avait les caractéristiques physiques que nous, ses parents, lui avions transmises.
Ce fut un choc très brutal et violent. D'autant que ma soeur a vécu la même chose à deux reprises il y a deux ans, dans des conditions similaires.
Dans la famille nous avons déjà enterré trois bébés : Emma, Maxime et Mattéo.
Mes parents ne sont toujours grands-parents d'enfants vivants. Il y a des jours où je doute vraiment, si l'avenir sera meilleur avec des cris de tout petits en bonne santé. Mais j'ai fait une promesse à mon fils et je m'y tiendrais.
Mon médecin m'a dit que c'était mécanique : le bébé pousse bien mais c'est l'utérus qui ne se développe plus assez au bout d'un moment, donc le bébé est à l'étroit, ça fait une tension et ... expulsion. L'autopsie n'a rien révélé d'anormal.
Pour la suite il m'a annoncé que le même drame pourrait se reproduire jusqu'à ce que l'utérus se développe mieux (d'où 2 à 3 bébés nés précocement dans certaines familles avant que le prochain naisse à terme). Quand j'ai entendu cela, ça m'a fait l'effet d'une claque. Mon médecin m'a dit aussi que la prochaine grossesse pourrait bien se passer jusqu'au 9ème mois : c'est la nature, personne ne peut garantir une naissance idéale. C'est très dur d'entendre cela. Je suis de nature défaitiste. Parfois j'ai du mal à me remonter le moral. Jérôme me rassure beaucoup, il est plus confiant que moi.
Comment y croire? La deuxième grossesse sera peut-être encore un sacrifice ?
Il y a de quoi perdre pied. Je me sens triste, révoltée, blasée, confiante... Ca dépend des moments.
En tout cas, je n'oublierai jamais mon fils. Il est dans mon coeur et dans ma tête pour toujours.
Il restera toujours l'aîné et je l'aimerai toute ma vie.
J'espère que 2007 sera meilleure pour moi et pour ma soeur.
Merci de l'attention portée à ce témoignage.
PAULINE, début 2007
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