Pour toi Chloé

 

 

Quand nous avons décidé d'avoir un bébé, avec ton papa cela faisait déjà 5 ans que nous étions ensemble.

J'ai arrêté de prendre la pilule et trois mois après et bien j'étais enceinte. (Janvier 2001)

Nous l'avons annoncé pratiquement de suite, tu étais la première des deux côtés, ton père étant fils unique et moi de mon côté ma sœur n'ayant pas d'enfant.

Ma grossesse s'est bien passée, hormis les trois premiers mois où les nausées étaient très fortes, du coup et bien j'ai perdu 12 kilos, mais aucune inquiétude à avoir comme me disait la gynécologue, j'avais des réserves ! ...

A part ça que du bonheur, papa et moi et bien on voulait une fille, quel bonheur quand la gynécologue nous a dit que c'était bien le cas.

Je me rappellerai toujours la première fois où je t'ai sentie bouger, je revenais d'un concert de GAROU, je me suis allongée et là c'était magique tu étais désormais là et bien là.

Au mois d'Août, j'ai commencé à être fatiguée et je commençais à avoir des contractions plus que de raison, alors et bien j'ai du m'arrêter de travailler, repos total.

Quand j'y repense et bien je me dis que j'aurais du continuer à travailler, comme ça et bien tu serais arrivée avant et tu serais peut-être là aujourd'hui ?

J'ai passé le mois de septembre 2001 à la maison, pas très bon mois en général, d'abord les attentats du 11 Septembre à NEW YORK, quelle horreur et surtout quel malheur pour tant de personnes. Ensuite les explosions D'AZF à TOULOUSE !...

Et puis le 25 Septembre, une    amie est venue passer la journée à la maison, on a parlé de toi Chloé, car oui ça y est on sait comment tu vas t'appeler, on est d'accord avec papa.

Je me souviens lui avoir dis, oui tout va bien mais j'ai comme l'impression de moins la sentir depuis hier sans trop m'inquiéter d'ailleurs, on m'avait toujours dis "tu sais à la fin ils n'ont plus trop la place de bouger vu le manque de place". Alors le soir et bien je me suis allongée et j'ai fait les exercices de respiration que j'avais appris aux cours de préparation à l'accouchement et à force de respirer tu m'as donnée un petit coup de pied, le dernier malheureusement.

Quand ton père est rentré à la maison le soir je lui en ai parlé mais vu que je t'avais senti il m'a dit de ne pas m'inquiéter pour ce soir et qu'on verrait demain matin, on était loin de se douter de tout ce qui allait se passer le lendemain.

Lorsque je me suis réveillée le 26/09/07, malgré les exercices de respiration et bien aucune réponse de ta part, ton papa m'a appelée pour prendre des nouvelles dans la matinée et je lui ai dis que j'étais inquiète alors il a téléphoné à la gynécologue et au secrétariat on lui a dit de passer dans la journée pour faire un contrôle.

En début d'après-midi papi et mamie de St JEAN sont venus me chercher et nous voilà partis. Je ne pouvais pas prendre la voiture il y avait des travaux dans la rue et je ne pouvais pas la sortir.

Depuis le matin je ne me sens pas bien je sens que quelque chose de terrible va se passer. Arrivée dans le cabinet du docteur ma gynécologue n'est pas là c'est donc son associé qui va me faire la visite.

Plus ça va et moins je me sens bien la secrétaire met sa main sur mon ventre en me disant que tout va bien se passer et de ne pas m'inquiéter pourtant et bien j'ai du mal à la croire.

Je rentre dans la salle d'échographie et là rien ne va plus je réalise avant même que le docteur ne commence que c'est fini, je respire mais tu ne bouges plus,  tu n'es plus là avec moi, le docteur met l'appareil sur mon ventre et là ce que je ressens se confirme de suite à l'écran, je ne vois plus ton petit cœur qui bouge, je ne peux plus rien dire et d'un coup j'entends au loin "Mme JOUILLE, votre bébé est mort !…".  

 

Ta grand-mère se met à hurler en disant que ce n'est pas possible que le docteur se trompe, que je ne dois pas l'écouter, le docteur se fâche et lui demande de se calmer et de sortir si elle n'y parvient pas, et moi je suis là et je ne bouge pas, je savais qu'il avait raison et qu'il ne se trompait pas mais je n'arrive pas à réagir.

Alors il commence à m'expliquer ce qu'il va se passer, vous allez devoir accoucher normalement et là c'est le choc et le déclic je commence à m'effondrer en lui disant que ce n'est pas possible je ne pourrai jamais, je veux qu'ils m'endorment et ne veux rien voir.

Alors, il me demande si je veux qu'il prévienne le papa et là je lui dis non je veux le faire moi-même.

Alors il me dit allez-y  je préviens l'hôpital de votre arrivée.

A la sortie du cabinet, on prévient ton grand-père qui ne dit rien et me dit qu'il m'amène voir Michel de suite, on se trouve dans un centre commercial il y a plein de monde autour et pourtant je me sens si seule, je ne pense qu'à une chose, comment je vais annoncer la terrible nouvelle à ton papa.

On arrive, devant son travail, ton grand-père veut aller le voir à ma place c'est hors de question c'est à moi de le faire, je lui dis non.

Je rentre et là quand il me voit et bien je pense qu’il réalise que c’est grave, je lui explique tout et maintenant et bien, il est temps de retourner à la maison, afin de prendre un sac, oui mon sac mais pas le tien celui qui était prêt pour toi avec toutes tes affaires, car oui tout était prêt, on est à 15 jours du terme. Arrivés à la maison le téléphone sonne, c'est maman le téléphone ne marche pas bien, mais elle est déjà au courant sa voix est pleine de larmes, elle me dit je fais prévenir papa et on arrive de suite. J'ai l'impression de rêver, que tout cela n'est qu’un rêve, que je vais me réveiller et que tout va rentrer dans l'ordre.

Arrivée à l'hôpital on me place dans une chambre seule, aménagée exprès sans lavabo ni plan à langer pour le bébé, tout le monde est très agréable, la sage femme avec qui j'avais fais les cours d'accouchements arrive, commence à nous parler et à nous poser toutes sortes de questions pour savoir comment on veut faire pour la suite, comment répondre à ce genre de question à ce moment là ? Tout cela parait mal placé, pourtant il faut bien le faire.

Voulez vous récupérer le corps et organiser des obsèques vous même ou bien voulez vous que nous nous en chargions ? Voulez vous la voir ? Nous allons faire une autopsie pour savoir ce qu'il s'est passé, mais il se peut que l'on n'ait pas de réponses ça arrive parfois, si c'est le cas et bien votre deuil sera d'autant plus difficile à faire? Ce soir vous dormez ici et on vous fera accoucher par voie naturelle demain matin,

Je réponds NON à tout, je veux que tout s'arrête de suite, je ne veux plus te savoir en moi, je veux que l'on m'endorme et que l'on te sorte au plus vite, pourquoi ce n'est pas possible et je ne veux surtout pas te voir. Occupez vous de tout !… Michel est d'accord avec moi.

Alors elle nous explique que tu seras incinérée et que tes cendres seront déposées au JARDIN DU SOUVENIR de GRAMMONT à MONTPELLIER.

Elle nous guide et prends son temps pour nous expliquer pourquoi je ne peux pas accoucher de suite et surtout par césarienne, il faut penser à l'avenir MME JOUILLE me dit-elle.

Par contre elle me dit de bien réfléchir et me conseille vivement de te voir après l'accouchement car cela me permettra de faire mon deuil plus facilement, faire mon deuil pour le moment et bien je n'y pense pas, c'est trop dur désormais à chaque mot qu'elle me dit je pleure et puis ma gynécologue arrive, elle ne comprend, pas tout allait bien, elle est complètement déroutée elle aussi et ne sait que dire. Je serai là demain et toute la journée si nécessaire

Mes beaux parents reviennent  et puis la porte s'ouvre et je vois mes parents les yeux pleins de larmes. Je me rappelle juste ce que je leur ai dis à ce moment là "ne pleurez pas, ça va allez ».

Moi j’ai perdu ma fille et eux ont peur et mal pour moi, en plus de leur douleur de grands-parents.

 

On vient ensuite me donner des cachets, et on me dit que la nuit va bien se passer, que je vais dormir et oui j'ai dormi, mais toute la nuit j'ai rêvé de toi, je te sentais tu n'arrêtais pas de bouger c'était magique et puis le matin est arrivé, je me suis réveillée et malheureusement ce n'était qu'un rêve, j'avais toujours mon gros ventre tu étais dedans mais rien, plus rien aucun signe de vie, dur retour à la réalité des choses. Je dois prendre une douche j'ai du mal à bouger à me baisser je pleure sans m'arrêter, j'aurai aimé dormir encore mais c'est l'heure il est 9heures, il faut descendre au bloc. Sur place l'anesthésiste est déjà là, en me voyant il me regarde et me dit, vous n'allez pas commencer à pleurer maintenant, je n'ai encore rien fait, et là je ne peux plus rien dire.

Michel le fait sortir et quand ils reviennent, il s'excuse il n'avait pas été mis au courant de la situation. Il faut faire la péridurale de suite, il faut que j'arrive à me calmer pour ne pas bouger, Michel me tient et voilà ensuite on m'injecte le produit pour que le travail se mette en route c'est long, très long, trop long, par contre pas trop douloureux vu la dose des calmants.

Et puis au bout de sept heures au moins, les douleurs arrivent la sage femme vient et me dit que ça va être bon, elle sent la tête, alors ils font sortir Michel et moi ils me mettent le masque et je m'endors pendant quelques temps, au réveil j'entends des voix au loin, ça y est c'est fini, c'est un très beau bébé, il vous ressemble Mme JOUILLE, elle a votre nez, votre bouche et derrière j'entends, c'est la première fois que je vois ça je ne comprends pas comment ça a pu arriver, par contre ce qui est bien c'est qu'ils vont pouvoir faire leur deuil plus facilement car on sait ce qu'il s'est passé.

Ma gynécologue me regarde et me dit, Mme JOUILLE, il faut absolument que vous la voyiez, elle est magnifique, au départ et bien je ne voulais pas, Michel encore moins que moi et puis après j'ai dis oui, et oui c'est vrai, tu étais belle, enveloppée dans un petit drap blanc, on aurait dis que tu dormais, je t'ai prise dans mes bras, mais je n'osais pas te toucher et là au bout d'un moment on m'a dit qu’ il fallait te rendre, car une voiture de la morgue était là pour l'autopsie.

Autre moment douloureux, Michel attendait dans le couloir, on entendait des cris de bébés autour, et d'un coup et bien un pédiatre est venu féliciter le nouveau papa, il s'était trompé de salle, il était si confus quand MICHEL lui a dit ce qu'il en était, qu'il est venu s'excuser et essayer de me réconforter.

Après plusieurs heures je suis remontée en chambre, je ne voulais voir personne et puis au fur et à mesure on se rend compte que ça fait du bien de voir du monde et au final et bien ce n'est pas facile pour l'entourage et la famille non plus, que dire? Qu’est ce qu'on peut dire dans ce genre de situation ? Rien, il n'y a rien à dire enfin pour moi seule la présence est importante et rien que le fait de se sentir entourés fait un bien fou.

Les quelques heures où j'étais encore en salle d'accouchement ton père a du téléphoner à tout le monde pour prévenir, ça a été très dur pour lui, en effet, les gens attendaient notre coup de fil alors chaque fois c'était : "alors ça y est elle est là?", et là il faut annoncer la terrible nouvelle, quel moment terrible pour lui.

Après et bien la gynécologue est venue nous voir pour nous dire ce qu'il s'était réellement passé.

Chloé, tu as fais un nœud à ton cordon apparemment dans les premiers mois de la grossesse, qui au fil des mois s'est serré, serré jusqu'à ce que le sang ne puisse plus passer, plus d'oxygène alors et bien tu es partie.

Est-ce que tu as souffert ? C’est la question que je me pose souvent.

Pourquoi je ne suis pas allée plus tôt chez la gynécologue ? Elle aurait peut-être vu quelque chose, on aurait fait une césarienne et tu serais vivante.

Oui, mais dans quel état ? Le manque d'oxygénation aurait peut-être eu des répercutions sur ton développement ?

Tant de questions sans réponse !...

Je ne veux pas rester longtemps à l'hôpital, je veux sortir au plus vite, même si je suis bien entourée et que je ne suis jamais seule, d'ailleurs je voulais rendre hommage à tout le personnel de la maternité de ST ROCH qui a été formidable, et à notre entourage, que d'émotions partagées.

Et à toi Michel, sans qui je pense et bien je n'aurais pas réussi à remonter la pente aussi vite si tu n'avais pas été là et si tu n’avais pas eu assez de courage pour nous deux.

Au début et bien il était hors de question de repartir dans une nouvelle grossesse, et puis très vite l’envie est là, trois mois plus tard je fais un test et il est positif, neuf mois plus tard, pratiquement 1 an jour pour jour après toi et bien Lola arrive, elle te ressemble tellement on dirait le même bébé, même morphologie, même nez, même bouche …

Sache que tu resteras à tout jamais avec moi, heureusement j’ai réussi à avoir des photos de toi, c’est tout ce qu’il me reste mais c’est tellement important.

Tu es notée sur notre livret de famille et tu es notre premier enfant, même si ça n’a pas été facile pour te faire inscrire dessus, et bien papa a réussi à le faire.

 

Voilà.

 

Je t’embrasse.

 

Maman.

 

« Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai toujours »

 

 

 Karine, décembre 2007

 

 

email : karine.jouille@laposte.net "

 

 

 

 

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