Réflexion autour de l'aide apportée aux parents endeuillés (IMG/ITG)
Mon fils Yanis est né et décédé le 17 mars 2004, suite à une I.M.G. à 6 mois pour une anomalie chromosomique.
Suite à la décision difficile à prendre, de multiples questions se posent :
- Où vont ces bébés après ?
- A-t-on le droit de les déclarer ?
- Peut-on les enterrer ?
- Peut-on les baptiser ?
- Comment annoncer la perte de cet enfant aux autres ?
- Où va-t-on être pris en charge ? Par qui ?
- Est-on en maladie, en congé maternité ?
La plupart des mères pratiquent rapidement l’I.M.G. suite à l’annonce du diagnostic. Moi j’ai décidé de dire au revoir à mon bébé en famille en annonçant à mon fils de 7 ans ce qui allait se passer.
J’ai consulté auparavant un psychologue pour me préparer à la perte.
Pour l’annoncer à mon fils, j’ai consulté un pédopsychiatre, qui m’a aidée à trouver les mots.
J’ai découvert des livres ludiques pour m ‘aider dans mon annonce.
Une semaine avant l’I.M.G. j’ai essayé de trouver les réponses à toutes mes questions afin d’essayer de partir plus sereine à l’hôpital.
Dès le début, je savais que je voulais voir mon enfant et l’enterrer, cela était très important pour moi.
Au début, mon fils s’est révolté contre la médecine et contre moi, le fait de perdre son petit frère était terrible pour lui. Il a exprimé sa souffrance en ayant une attitude agressive. Cela a duré un mois et aujourd’hui les choses sont rentrées dans l’ordre.
C’est dur pour une mère de perdre son bébé et de faire du mal à l’autre.
Mais au moins, il a exprimé ses émotions, ce qui est très positif.
Voici ma réflexion autour de ce qui a été une bonne prise en charge pour moi.
- Se faire aider par un psychologue en couple.
- Consulter si besoin un pédopsychiatre ou un psychologue pour l’annoncer aux autres enfants.
- Se renseigner sur les différentes littératures sur le deuil pour l’annoncer aux enfants mais aussi pour le vécu des parents.
- Prendre le temps de dire au revoir à cet enfant pour ne pas avoir de regrets après.
- Préparer son départ pour les jours d’hospitalisation : organiser un rituel avec les autres enfants.
- Essayer d’obtenir les réponses à toutes les questions que l’on se pose.
- Etre en confiance avec l’équipe médicale en place.
- Le choix de pouvoir voir son bébé, de pouvoir se recueillir avec son conjoint et éventuellement de pouvoir le baptiser.
- Le fait de faire un contrat avec la sage-femme sur le temps qu’on veut rester avec son bébé rend les choses plus faciles, il est difficile pour une mère de donner son bébé.
- La prise de photos de l’enfant permet de prouver qu’il a existé.
- Le fait de les avoir avec soi, ainsi que le bracelet de naissance le premier jour de l’accouchement sont un plus pour une maman en détresse.
- N’envoyer le corps à l’autopsie que le lendemain rassure.
- Prendre soin de la mère, la laver, l’habiller avant de retourner à sa chambre sont des petites choses qui sont énormes dans la souffrance.
- La présence du généticien lors de l’accouchement enlève les doutes et atténue le sentiment de culpabilité.
- Reconnaître son enfant sur le livret de famille.
- Le fait d’enterrer son enfant permet de faire son deuil plus facilement et de pouvoir se recueillir quand on le désire.
- Un suivi psychologique est important par la suite, l’homme et la femme ne vivent pas le deuil de la même façon.
- Comment le dire à l’entourage : nous avons choisi un faire-part.
Aujourd’hui, cela fait un mois et demi que j’ai accouché, je me sens plus sereine.
Tous les jours, je pense à mon bébé YANIS, il est gravé à jamais dans mon cœur.
Notre vie de famille a repris son rythme, dans 15 jours je vais reprendre mon travail.
Pour moi la décision de pratiquer cette I.M.G. est un acte d’amour.
Je tiens à remercier l’équipe de l’hôpital SAINT-JOSEPH pour leur prise en charge.
Sandrine ABONEM, 29 avril 2004
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Voir le faire-part de décès de "Yanis" †
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