Sur la pointe des pieds…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                           Pour Néo

                        

 

                       

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                  Epilogue.

 

Je suis une maman de 27 ans, et j’ai accouché, ce 1er septembre 2006, d’un petit garçon prénommé Néo.

J’ai décidé d’écrire ce livre pour plusieurs raisons… qui sont celles-ci…

Je voulais tout d’abord rendre hommage à mon petit garçon, qui me manque depuis le jour de son départ… Ce livre est un peu comme une « lettre ouverte »…J’y ai déposé les mots comme ils me venaient… Des mots de maman pour son enfant… Des mots simples parfois, mais toujours vrais… Ces mots, ces phrases, ces paroles, sont juste ce que j’avais envie de dire à mon bébé, à mon entourage, et aux gens qui me liront…

Ensuite, j’avais besoin de mettre à profit cette douleur, ce passage à vide… Cette réflexion, cette profondeur,  que Néo m’a apporté…Je ne voulais pas tout garder pour moi… Tout ce que j’ai appris en devenant maman devait servir à quelque chose… Je me souviens de ma détresse, de mon désarroi… Tous ces sentiments sont encore un peu en moi… Et j’espère que mon témoignage se trouvera, un jour, sur le chemin d’une ou plusieurs mamans en douleur… Et qu’il pourra les aider un peu…

Ce livre est aussi une lettre ouverte à mon entourage, pour remercier simplement certains, peut-être pour que d’autres ouvrent les yeux… Il est possible aussi que mon témoignage ne change rien à la vision de mon histoire que peuvent avoir certaines personnes… Ce n’est pas grave… Mon cœur en sera quand même moins lourd… d’avoir pu s’épancher…

Je voulais aussi insister, par ce livre, sur l’importance de son enfant pour une maman, et ceci quel que soit son âge…

Et vous permettre, vous lecteur, de vous posez certaines questions…

Qu’y a t’il de pire que la mort d’un enfant ?

Faut il un âge minimum pour estimer qu’un enfant en est un ?

Mourir ne signifie t’il pas avoir existé ?

Ce livre pour qu’on accepte enfin la douleur d’un deuil périnatal et pour que ce deuil soit enfin reconnu comme tel… Mon témoignage ne changera pas la face du monde, mais peut-être quand même la vision de quelques personnes….

Enfin, si j’ai écrit ce livre, c’est aussi pour me soulager et me sentir mieux… Toute cette douleur accumulée avait besoin d’être posée, sur ces pages … D’être lue  pour être comprise…

Je me sens beaucoup plus sereine à présent…

Merci de lire mon témoignage…

En espérant qu’il aidera des mamans qui le liront…

En espérant qu’il guidera ceux qui les entourent…

En espérant qu’il permettra aux miens de mieux me comprendre…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

          Chapitre 1 : L’avant

 

Depuis toute petite, mon rêve, mon espoir, était d’être maman un jour… Je savais que pour cela, je devais d’abord trouver le papa parfait… Nous y voilà… Après quelques années de vie commune, partageant les mêmes ambitions et les mêmes envies, nous franchissons le pas… Nous décidons d’avoir un enfant… L’attente commence alors, et, avec celle-ci, tous les bons conseils d’usage… N’y pense pas trop, ça viendra tout seul… Comment ne pas y penser à chaque minute, comment ne pas déjà se projeter dans l’avenir, s’imaginer quelques mois plus tard, le ventre bien rond… On y croit tellement à chaque fin de cycle… Et la déception est immense, à en pleurer…

Puis un jour, alors qu’on y croit presque plus, ça arrive, le test est positif…

Depuis ce jour là, mon ange, et ce jusqu’à la date du 29 août 2006, jour où j’ai appris l’indéfinissable nouvelle, j’ai gardé un sourire aux lèvres et la tête dans les nuages…

Ces 20 semaines avec toi, mon ange, ont été les plus magiques de toute ma vie…

Savoir que tu grandissais en moi, que tu m’avais choisie comme maman… Quel bonheur !

Je me suis sentie comme tel tout de suite… Cet instinct maternel qui vous dévore les tripes… Je savais, au fond de moi, que je te défendrais « bec et ongle », mon bébé…

Défense primaire et animale… Défense d’une maman pour son petit… Indéfinissable…

Ces mois avec toi, je les ai vécu aussi profondément que j’ai pu… Nous étions en fusion… et je t’aimais déjà plus que tout…

Les premiers examens nous montrent que tu te portes bien… Que tu grandis, que tout va bien… Comme tout passe déjà si vite… et en même temps tellement lentement… J’ai déjà hâte de te prendre dans mes bras… Mais je décide de vivre pleinement chaque instant de ma grossesse… C’est si fabuleux de te porter…

Je me sens tellement bien ! Je suis fière de mes formes… A quatre mois, une inconnue me félicite déjà ! Mon ventre était déjà bien rond !

Nous avions choisi de ne pas connaître ton sexe… Ton papa préférait avoir la surprise…Moi je voulais le connaître… Alors, nous avons joué à pile ou face… J’ai perdu ! Mais je savais depuis le début, que tu étais un petit garçon, un ptit mec, mon petit prince…

L’échographie des trois mois s’était très bien passée, tu bougeais beaucoup. Physiquement, tout allait bien. Nous avions demandé de réaliser le triple test, nous voulions être certains que tout irait bien, que tout allait bien pour toi… Mais je n’étais pas du tout inquiète… L’idée d’un triple test positif ne m’avait même pas effleuré l’esprit… La fameuse certitude du « ça n’arrive qu’aux autres » était mon mot d’ordre ! Jamais je n’ai imaginé que quelque chose se passe mal…Je vivais ma grossesse si sereinement… Dans mon insouciance de maman, j’étais imperméable aux drames… Rien ne pouvait arriver, je protégeais mon bébé…

Lorsque mon gynécologue m’a annoncé que le triple test était positif, à cause d’une clarté nucale un peu à la limite, je suis restée sereine… Comme lui d’ailleurs…

Nous allions faire l’amniocentèse, pour se rassurer…Comme ça, ce serait fait… A ce stade de la grossesse, l’inquiétude ne m’atteint toujours pas… Je ne sais pas que ce que je m’apprête à vivre peut arriver… Pour moi, donner la vie et vivre la mort ne sont pas des termes compatibles.

Pour moi, ça n’arrive pas, c’est tout… Ou alors c’est très rare et donc ça ne m’arrivera pas…

Je suis à milles lieues d’imaginer que tout cela est possible… Et que ça n’arrive pas si rarement que cela…

Alors, je reste sereine et confiante… Examen de routine… Rien de plus… Tout va bien aller…

Durant l’amniocentèse, je me concentre sur toi, Néo, car j’ai peur que tu aies peur… Je te parle, je te transmets mes douces paroles pour que tu t’apaises… Moment magique… Toi qui étais si agité durant l’échographie faite juste avant, tu n’as plus bougé pendant l’examen… Seulement tes petits doigts…

Ce lien entre une maman et son enfant est incroyable… Je te parlais… de mon cœur à ton cœur mon enfant… et tu observais.

Je t’avais dis de ne pas bouger, que tout irait bien… Et c’est ce que tu as fait… Tu étais déjà si sage…

L’attente des résultats a été un peu plus inquiétante… Ils avaient découvert que tu avais les intestins blancs… Phénomène annonciateur d’un problème chromosomique mais aussi pouvant s’avérer anodin…

Mon gynécologue nous avait dit : « Votre bébé cumule des caractéristiques pouvant cacher un problème mais pouvant aussi ne rien signifier d’alarmant ».

Mais ce jour là, j’ai vu dans ses yeux une lueur d’inquiétude… Malgré tout, il est resté serein et positif, gentil  et attentionné, pareil à lui-même… Un Grand Homme…

Le jour où je devais recevoir les résultats arriva… Et ce jour là, un mauvais pressentiment est venu me hanter… J’ai tenté de l’évacuer, de le nier… Mais il était là, dans mes tripes, dans mon cœur… et il m’empêchait de respirer…

 

 

 

 

 

 

 

 

    Chapitre 2 : L’annonce

 

 

Je m’étais levée de bonne heure… Je ne savais plus dormir, trop impatiente d’avoir les résultats…

Malheureusement, je ne m’étais pas levée seule… J’étais accompagnée d’un mauvais pressentiment, une peur au ventre, un nœud dans l’estomac… Et toutes ces sensations n’allaient pas me quitter…

Lorsque le téléphone a sonné, je savais que mon monde allait s’écrouler… A la voix du docteur, le dernier petit espoir en moi s’est évanoui… « Il y a un problème avec votre bébé »…

Mes jambes m’ont lâchée… Je me suis assise par terre entre deux chaises de la salle à manger. Tous les mots résonnaient mais je ne comprenais rien… Tout se mélangeait dans ma tête… Tout était confus, irréel… J’avais l’impression de rêver… Rien n’était vrai… J’allais me réveiller… J’allais m’en sortir…Tout s’écroulait… Le monde s’effondrait… Qu’avais-je fait ? Qu’avions nous fait ? Ma tête tournait, je ne comprenais rien…

Ton papa est arrivé, comme une bouée de sauvetage… Quelqu’un à qui me raccrocher… Comment ne pas me noyer, comment ne pas sombrer…

Comment allions nous faire ? Pourquoi toi ? Pourquoi nous ?

J’espère de tout mon cœur que tu n’as pas ressenti cette détresse, ce désespoir…

J’espère de tout mon cœur que tu ne ressentais que mon amour pour toi, petit Néo… Si petit Néo…Mais si grand déjà par la place que tu prenais dans nos cœurs de parents… Si grand par le courage que tu m’as donné pour entendre et vivre tout cela…

Le docteur R   nous a demandé quand on pouvait venir, le lendemain, pour en parler, pour expliquer, pour comprendre, pour décider…

Nous n’avons pas dormi de la nuit… J’avais déjà tellement l’impression d’être en plein cauchemar…

Lors du rendez-vous, nous étions déjà un peu plus aptes à comprendre ce qui s’était passé…

Petit Néo, tu étais atteint de trisomie 21, en mosaïque… Physiquement, tu n’avais rien, mais ton cerveau et tes organes internes étaient touchés…

Depuis le jour où nous avions décidé, ton papa et moi, de faire une enfant, une des choses pour laquelle nous étions d’accord à 100% était de ne pas le laisser souffrir, à aucun prix, et de lui donner toutes les chances possibles pour son départ dans la vie…

Notre décision était donc prise… Nous ne pouvions pas te laisser vivre… Ton petit corps n’aurait pas tenu, ton si petit corps fragile… Nous ne voulions que le meilleur pour toi… Cette décision a été notre première décision de parents… Si grande décision… Horrible décision…

Il a fallu, dès lors, que j’avale trois cachets… Trois cachets pour arrêter la grossesse… Trois cachets pour tuer mon bébé… Je me demande, encore aujourd’hui, où j’ai trouvé la force de faire ça… Peut-être est ce toi, Néo, qui me l’a soufflée…

Toi, mon ange, qui avait probablement comprit ce qui arrivait…

C’est aussi grâce à ton papa et au docteur R  que j’ai trouvé le courage de les avaler… Docteur R , si patient, si calme, si terriblement désolé de nous voir si désemparés…

Il n’y avait rien d’autre à faire… Ne pas permettre à la vie de te faire souffrir une seconde… Ne pas te permettre de vivre dans un monde tellement peu fait pour toi… Te protéger toute notre vie, de cette douleur, de cette souffrance… Te faire partir vers un paradis pour toi, tendre petit Néo… Petit bonhomme dont nous étions déjà si fiers… Je te sentais encore bouger… Chacun de tes coups de pieds brisaient mon cœur en morceaux… Mais j’avais tellement besoin de te sentir le plus longtemps possible….

Tu m’as accompagnée jusqu’au jour de l’accouchement…. Comme un dernier au revoir… Comme pour garder  le lien entre nous…Comme pour me donner du courage… Peut-être avais tu peur que je t’oublie… A présent, je sais que tu sais que je t’aime à jamais… Je te sens si près de moi, tout contre mon cœur…

Ce 1er septembre 2006, nous avions rendez vous à la maternité… Tu allais t’en aller…

Situation tellement délicate… La maternité, des bébés qui pleurent, des mamans heureuses… Et nous, tous les trois… tellement désemparés… L’équipe médicale a été formidable… Nous avons été traités comme tes parents… Maman et papa en deuil… Et toi, Néo, comme notre bébé à part entière…Un vrai bébé…

Tout le monde a mis tout en place pour que je ne souffre pas physiquement… Seule douleur maîtrisable…

Pour ce qui est de la douleur morale et psychologique, la considération à notre égard nous a fait un bien fou…dans toute cette douleur…

Tout a été tellement vite… Tellement trop vite… J’aurais voulu être apte à répondre posément aux questions posées… J’ai fait tout de travers, j’étais moi-même tellement peu moi… Perdue, paumée… Ne comprenant pas toujours ce qui était arrivé…

« Voulez-vous lui faire une cérémonie ? L’incinérer ? Ou voulez vous que l’hôpital s’en charge ? » Nous avons répondu non…

Comment aurais-je pu savoir que, par après, j’aurais eu besoin d’un endroit… pour me recueillir, pour te retrouver, petit Néo…

Comment aurais-je pu savoir combien ça me manquerait ? Tout allait si vite… J’étais hors du temps… Mon esprit a dû quitter mon corps durant les quelques jours autour du drame…

Je n’aurais pas pu savoir…

Le travail a duré cinq heures… Je t’ai senti arriver… Je t’ai senti partir… je t’ai senti me quitter … à 15heures précises…

Une infirmière t’a emporté, pour te laver et t’emmitoufler tendrement…

Elle est revenue avec toi et elle t’a mis dans mes bras… Tu étais si beau mon ange… Ton papa t’a pris dans ses bras aussi… Il était si ému… Il ne s’attendait pas à voir un si grand « petit bonhomme »…

Tu mesurais 22 cm et tu pesais 240 grammes…

Petite plume… tu t’es envolé…  

Tu avais mon nez…Nous étions si émus… si perdus…

J’attendais que tu pleures, que tu cries… que tu vives, que tu respires…

C’était un moment tragique, rempli d’émotions… Trop dur à supporter… à vivre plus longtemps…

Nous ne t’avons gardé que cinq minutes… Si ce moment avait été plus long, je n’aurais jamais pu te rendre… Il aurait fallu t’arracher à mes bras… Toi que l’on m’avait déjà arraché du ventre…

Maintenant, je regrette ce si court moment… J’espère juste que tu ne m’en veux pas… Maman n’a pas été assez forte pour te bercer plus longtemps….

Toi, petit Néo, qui faisait déjà tellement partie de moi… Avec toi, mon ange, une partie de moi s’en est allée… Mon insouciance et cette confiance que j’avais en la vie… Une partie de mon cœur m’a quittée le jour de ta naissance… Tu as dû l’emporter… Comme pour garder, toi aussi, quelque chose de moi…

Je me suis sentie soulagée, les heures qui ont suivi… Je n’ai pas pleuré tout de suite, mais mes émotions m’attendaient au tournant… Et le lendemain, la réalité m’a rattrapée… J’ai enfin ouvert les yeux sur ce qui c’était passé…

Cette impression que l’on va mourir tellement ça fait mal, cette envie d’y croire encore et ce ventre vide, si vide…

J’ai eu mal comme jamais… Et c’est là que cette tragique culpabilité a décidé de pointer son nez… Comme si la douleur n’était pas déjà assez difficile à vivre… Comme si le fait de n’avoir pu amener son bébé à la vie ne suffisait pas… Cette culpabilité qui ronge… Ces questions qui restent au bord des lèvres et qui ne trouvent pas de réponses…

Pourquoi ne pas l’avoir gardé dans mes bras plus longtemps ?

Pourquoi n’ai-je pas pleuré ?

M’en veut-il, là où il est ?

Est il fier de moi ?

Rien ni personne ne pourra soulager cette douleur … Rien ni personne ne trouvera les mots pour apaiser cette culpabilité… C’est un travail personnel, une réflexion douce, une fusion avec mon bébé et quelques sensations de présence de mon ange qui m’ont permis d’avancer… sur la longue route du deuil…

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 3 : Comment se relever ?

 

 

Le temps… Seul paramètre positif et constructif… Le seul qui fait son travail et qui apaise… Le seul à qui on se raccroche…

Le retour à la maison et à la réalité a été des plus douloureux… 

Au début, tout le monde est là, présent, avec des paroles…, des gestes… des attentions qui font du bien….Avec aussi beaucoup de phrases « toutes faites » et de banalités… qu’ils croient positives…mais qui vous transpercent le coeur et qui ne vous consolent pas…

La douleur que ces paroles provoquent dépend surtout de qui elles viennent… Amis réellement attentionnés, ne sachant pas trop quoi dire…

Connaissances qui comblent le malaise d’une conversation…

Et là, on commence à comprendre… que personne ne peut comprendre…

On commence à se dire… que nous resterons seuls dans cette épreuve…

Et le temps passe… Et on entrevoit ce qu’attendent réellement les gens… A savoir, que l’on passe vite à autre chose, car ce deuil dérange…

D’ailleurs, on se le demande… Est-ce vraiment un deuil ? Deuil de quoi ? Si on n’a pas connu cet enfant ?

Deuil de ce qu’on s’était imaginé, deuil d’un futur avec notre bébé…

Peut-on faire le deuil de ses rêves ? Je pense qu’on n’y arrive jamais vraiment…

Mais les autres veulent qu’on avance, qu’on passe à autre chose… Car ils ne trouvent pas les mots… C’est tellement gênant… Alors, les paroles, si douces au début, se transforment, parfois,  pour devenir plus blessantes…

Les oreilles attentives le deviennent moins… Le cœur ne s’attendrit plus avec autant de force…

La vie continue, comme me l’a dit un jour, très platement, une amie…

Comment la vie peut-elle continuer alors qu’elle s’est arrêtée en nous ? Oui, bien sûr, il faut avancer… Mais où trouver cette force, cette rage de continuer ? Comment se relever de ce genre de deuil alors qu’on ne nous laisse pas le vivre à fond… Comment ne pas culpabiliser de souffrir alors que tout le monde a l’impression qu’on exagère… Comment continuer à parler de toi, mon bonhomme, à te faire vivre pour moi, pour nous, alors que pour la plupart des gens, tu n’as même pas existé, sous prétexte que tu n’étais pas né…

Comment faire pour défendre mon statut de maman, alors que tu n’es pas là, mon ange, pour m’appeler comme ça…

Comment ne pas souffrir à chaque parole déplacée…

Car, c’est vrai, la vie continue… Mais comment faire comprendre au monde que, pour moi, la vie s’est arrêtée dans mon cœur…

Après deux mois seulement, je ne peux pas, je ne veux pas m’empêcher de parler de toi…

Comment faire pour garder intact ton souvenir, quand tout le monde baisse les yeux à l’évocation de ton prénom ?

J’ai finit par trouver… Cette histoire, ton histoire, notre histoire… C’est mon trésor… Mon bébé, c’est ma richesse… On ne partage son trésor, sa richesse, qu’avec des gens capables d’en voir la beauté… Qu’avec des gens capables d’en ressentir la profondeur et l’importance… Petit trésor à moi, pardonne moi. Je voudrais tellement me laisser aller à parler de toi à tout le monde, à tous les gens que je rencontre…Mais, à quoi bon parler de toi si on ne ressens pas ta présence ? A quoi bon parler de toi si tu ne manques pas ? A quoi bon parler de toi si on pense que tu n’as pas existé ?

Il m’a fallu beaucoup de réflexion, de larmes, de colère, d’incompréhension et simplement d’amour pour trouver du positif au milieu de toute cette douleur… Je n’en veux pas aux gens qui n’ont pas comprit, qui n’ont pas été là jusqu’au bout, qui ont cessé de me parler de toi… Je sais qu’ils ont cru faire ça pour mon bien… Je me rends compte et je sais combien il a dû être difficile pour vous, amis et membres de mon entourage, de trouver les mots justes… Y a t’il simplement des mots qui réconfortent dans ces moments là ? Oui, car quelques personnes les ont trouvés… D’autres les ont trouvés pendant quelques temps, puis ont abandonné… Peut-être avaient ils, aux aussi, trop mal ?

Le respect de ma douleur était la seule chose dont j’avais réellement besoin… Sans jugement, sans avis personnel… Juste le respect de mes larmes, de mon désarroi, de ma peine et de ce vide si profond en moi… Ce vide qui ne se comblera jamais tout à fait…

Aucun autre enfant ne te remplacera jamais, Néo… Je le dis haut et fort, quitte à choquer…

L’amour d’une maman se multiplie, il ne se partage pas… Tout l’amour qui t’était destiné, te sera destiné à jamais mon ange…Et même si un grand nombre de personnes me disent, à ce stade de mon deuil, que ma prochaine grossesse comblera ma vie, je sais que je ne t’oublierai jamais… Je sais que ce vide et ce manque de toi seront toujours là… Ce n’est pas simplement un bébé qui me manque, c’est mon enfant, Néo, mon unique enfant !!!

Bien sûr, je sais que mon cœur ne s’apaisera que lorsque ton petit frère ou ta petite sœur pointera le bout de son nez… Mais il n’oubliera pas pour autant… Ce manque de toi, Néo, sera toujours là. Mais le manque de porter mon enfant contre mon cœur sera comblé par mon prochain bébé… Donne moi la force, Néo, de rester sereine… 

Mais à présent, je sais où je vais et vers qui me tourner pour faire vivre ton souvenir…

Pour toi, mon ange, je dois me relever… Je suis fière d’être ta maman, mon courageux petit bonhomme… Je suis fière de toi, nous sommes fiers de toi…

J’ai fait ce que j’ai pu pour te protéger, mon petit prince... Merci d’avoir illuminé ma vie…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                 Chapitre 4 :

         A présent et pour toujours.

 

 

La mort de mon enfant m’a transformée à jamais… Ceux qui s’attendent à me retrouver, identique à ce que j’étais avant, risquent d’être frustrés…

J’ai changé, ma vision de la vie a changé… Mes convictions, mes croyances et mes priorités.

Petit Néo, tu m’as permis de naître enfin ! Toi qui est né et qui t’es envolé, tu as apporté plus de choses à ta maman que tous les gens qui ont croisé son chemin…

Ce changement, je l’ai ressenti à tous les niveaux de me vie…

Dans mon couple, avec ton papa. En traversant cette épreuve, avec toi pour nous guider… Notre amour l’un pour l’autre s’est fortifié, nous sommes liés et unis à jamais… Toi, notre enfant, tu as tissé un lien indestructible entre ton papa et moi… Merci, petit Néo, de nous avoir choisi…

Dans nos relations amicales… Dans la peine et la déception, mais aussi dans l’émotion et l’inattendu… Nous avons ouvert les yeux sur la valeur de nos amitiés, dans un sens comme dans l’autre… Ces émotions, ces sentiments restent dans nos cœurs, mais nous savons, à présent, et grâce à toi Néo, qui sont ceux que nous respecterons à jamais…

Dans mes croyances aussi…Je te ressens Néo, à mes côtés. Je vois les signes que tu m’envoies, la route que tu m’indiques. Je sais que tu me guides sur le chemin de vie qu’il me reste encore à parcourir. Tu m’aides à me relever, à continuer… Je n’ai plus peur, à présent… Installé dans mon cœur, petit Néo, je sais que tu veilleras sur nous…

Et enfin, dans ma vie en général, tu m’as permis d’apprendre à relativiser, à voir le bon côté des choses et à laisser sur le bord du chemin tout ce qui fait mal… 

Dans cette petite vie que je parcours, j’ai décidé, depuis toi, mon ange, de laisser derrière moi tout ce qui blesse, et de foncer vers l’essentiel…

 

 

 

 

 

 

 

 

                  Chapitre 5 :

                Lettre à Néo.

 

 

Je réfléchissais, depuis quelques temps, à faire quelque chose de spécial, d’inoubliable, de sincère, pour mon enfant… Quelque chose pour évacuer, dire, parler, expliquer… tous ces sentiments, ces ressentis, tous ces changements en moi…

Ce livre, je l’ai écrit pour toi, mon ange…

Pour te rendre hommage, pour ne jamais t’oublier et pour défendre à jamais ton souvenir, si souvent bafoué…

Mon petit prince, durant ces quelques mois, j’avais si souvent imaginé ma vie avec toi… Tous ces projets tombés à l’eau… Ce vide dans mon ventre ne se comble pas…

Mais, malgré ce manque, je suis heureuse de t’avoir connu… Et je préfère souffrir de ton absence que de ne jamais avoir senti ta présence…

Par ces quelques lignes, je voudrais te remercier…

Merci de m’avoir choisie comme maman, de m’avoir fait confiance et de m’avoir permis de ressentir le bonheur de te porter… Ce bonheur, je ne le dois qu’à toi, et je t’en serai toujours reconnaissante…

Merci de m’avoir permis de voir cette lueur dans les yeux de ton papa…. Ce bonheur et cette émotion quand il a su que tu étais là… Je n’oublierais jamais son regard… Il sera un papa formidable…

Merci d’avoir transformé ma vie… je ne suis plus la même et c’est grâce à toi…

Merci d’être à mes côtés, mon ange… Je ressens tellement les signes que tu m’envoies… Ils me rassurent… Je sais que tu vas bien…

Merci pour tous ces moments partagés, cette complicité que nous avions, mon bébé… Je ne l’oublierai jamais…

A présent, par ce livre, je te laisse t’en aller, tendrement… Je te laisse partir sereinement vers ce doux monde des anges… Va, mon enfant, rejoindre les anges de mes amies maman…

Je te demande de me donner la force de continuer…

Je te demande de me donner la force de ne plus souffrir face à l’incompréhension de gens et face à leur absence d’humanité…

Je te demande de toujours m’envoyer des signes de toi… car ils m’aident à rester sereine…

Je te demande de comprendre que je reste encore ici, que je ne t’accompagne pas… Car j’ai encore des tas de belles choses à vivre…

Je te demande de prendre soin de nous et de ne jamais oublier combien nous t’aimions déjà…

Je te demande ne de ne jamais douter de notre amour…

Je te demande de te souvenir que personne ne remplacera notre premier petit garçon…

Je te demande de nous envoyer ton petit frère ou ta petite sœur… car nos bras sont vides et notre cœur te pleure…

Sache que nous leur parlerons de toi, sans tabou… Car c’est la vie et que tu fais partie de notre vie…

Envoie moi la force de ne plus pleurer à ton souvenir…

Nous t’aimons à jamais, petit ange, petit prince, petite plume, petit Néo…

Tu es notre trésor et nous sommes fiers de toi…

 

Papa et maman

 

 

 

                 Chapitre 6 :

Pour toutes les mamans en deuil.

 

 

Juste quelques lignes, pour vous épauler, pour vous dire que je comprends, pour vous dire que vous n’êtes pas seules…

Pour vous prévenir aussi… de l’attitude de la société, de votre entourage peut-être…

Vous trouverez du réconfort chez quelques  personnes, des paroles douces et apaisantes… Mais aussi de l’incompréhension souvent, des paroles dures et blessantes parfois… Ce deuil est un deuil qui gêne et qui dérange… Mais, souvenez vous que, dans la plupart des cas, votre entourage ne veut pas vous blesser… Simplement, les mots sont difficiles à trouver…

Il est tellement inconcevable d’associer ces deux mots «  naissance » et « mort »… Tellement irréaliste qu’ils s’opèrent en même temps… Ne gardez pas de rancœur face aux personnes qui vous blesseront…

Apprenez juste à partager votre histoire avec ceux qui seront capables de l’entendre et de l’écouter… Ne fermez pas votre porte à ceux qui vous ferons du mal, souvent sans le vouloir vraiment, mais laissez la grande ouverte pour ceux qui vous auront respectée…

Personne ne pourra comprendre ce que vous ressentez et combien ça fait mal… Sauf quelqu’un qui aura vécu la même chose… J’ai trouvé le plus grand des réconforts sur un forum de mamans endeuillées… Ayant vécu un deuil périnatal… Elles sont devenues ma « famille de cœur »…

Ces mamans, ainsi que les personnes de mon entourage qui ont accepté de voir ma douleur en face, m’ont tendu la main, et ont porté ma peine à bout de bras… afin de cicatriser un peu ma blessure…

Malgré toutes ces difficultés qui s’ajouteront à votre souffrance, vous apprendrez, petit à petit, à continuer votre route… Votre ange sera toujours là pour vous guider… Et vous serez plus confiante… Le chemin du deuil est long et semé d’embûches… On avance…Un pas après l’autre… mais un petit détail peut nous faire reculer de trois pas… en quelques minutes…

On ne se remet jamais de la mort de son enfant, son souvenir vous accompagnera toute votre vie…Mais vous apprendrez à vivre avec et à l’apprivoiser…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

               Chapitre 7 :

 Quelques mots à l’entourage.

 

 

Avec du recul, je me rends bien compte qu’il doit être difficile de trouver les mots justes…

Si vous lisez ces quelques lignes, membres de l’entourage d’une maman ou de parents en deuil, je vous remercie déjà… Simplement de faire ce pas, pour elle, pour eux, pour leur histoire…

J’espère pouvoir vous aider à y voir plus clair, dans les quelques phrases qui vont suivre…

En plus de la douleur d’avoir perdu mon enfant, s’est ajoutée la douleur de voir cette perte minimisée… Minimisée par l’impression de l’inexistence de mon bébé pour les autres…

Etant donné mon bébé considéré comme tel, je sentais cette gêne lorsque je parlais de lui… les regards fuyants… Les sous-entendus sur ma santé mentale… J’en ai beaucoup souffert, comme vous avez dû le comprendre en lisant ce livre…

J’en parle librement à présent, au risque de choquer à mon tour ceux qui m’ont fait du mal… Sans le vouloir sûrement, mais du mal quand même…

Mais je m’en suis remise et je ne garde ni rancœur, ni peine… juste de la déception et un peu de mélancolie…

Vous qui avez lu ce livre, ou qui lisez ces quelques lignes, j’espère simplement que vous aurez comprit, au fil de ces pages, qu’une maman en deuil ne demande pas grand-chose… Elle a juste besoin de vivre sa peine, d’aller au fond des choses, d’être respectée dans celle-ci, d’être acceptée et reconnue comme une maman en douleur… Sans jugement, sans avis, sans banalités….Si vous avez comprit cela, et que vous lui faites ressentir votre compassion, vous pourrez alors l’aider à s’en sortir… Il ne s’agit pas juste de mots à trouver…

Mais d’une main à tendre pour l’aider à porter le poids du deuil….

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                  Remerciements.

 

                

-        A  Philippe, le papa de Néo, mon homme et mon amour pour toujours… Merci pour ton soutien, à toute épreuve… Merci de m’avoir fait confiance… et de t’être battu avec moi, pour que l’on s’en sorte… Je t’aime à jamais…

-         Merci à mes amies…

Merci à celles qui ont  respecté ma douleur, qui m’on aidée à la porter… Merci de m’avoir écoutée, durant toutes ces longues heures où je ne parlais que de ça,  et surtout, merci à celles qui ont continué à parler de Néo… En utilisant son prénom, avec tant d’amour et de respect… Il vit encore grâce à vos douces paroles… Merci de ne pas m’avoir jugée et d’avoir toujours été là…

    Et même si certaines m’ont       

    blessée, j’espère qu’elles

    comprendront, par mon

    témoignage, que je ne leur en veux

    pas… Que je sais que ce n’était

    pas facile…Je leur dit merci à

    elles aussi…J’espère qu’elles

    accepteront, qu’à présent,

    j’avance avec mon histoire, et que

    je ne  serai plus jamais la même…

    J’espère qu’elles m’excuseront

    d’avoir été parfois dure dans mes

    paroles, dans ce livre… Mais     

    c’est comme ça… J’avais besoin

    de le dire… Merci  à toutes   

    d’avoir  été là, selon leurs

    possibilités et leur disponibilité…

    Je n’en cite aucune

        pour ne pas en oublier… Elles

        sauront se reconnaître et voir,  

        dans  mon témoignage, toute ma

        gratitude…

-        Je voulais aussi remercier toutes les mamans de « L’association l’Enfant Sans Nom  Parents Endeuillés »… Pour votre soutien, votre gentillesse, pour tout ce qu’on a partagé, pour votre capacité à toujours trouver les mots, pour votre présence à toute heure du jour et de la nuit et pour tous les témoignages apportés dans ce livre…Merci de me comprendre si bien…  Douces pensées à elles et à tous les anges qui sont aux côtés du mien…

-        Merci aussi au Docteur R  et à toute l’équipe de l’hôpital où il exerce… Merci de nous avoir traité avec tant de respect…

-        Merci à ma maman… Qui, même si elle a été maladroite et a pu me blesser à certains moments, reste une grand-mère triste qui n’oubliera jamais son premier petit-fils…

-        Merci à Bernard, mon « beau-papa », qui a aussi beaucoup souffert du départ de son premier  petit-fils et qui a toujours trouvé les mots…

-        Merci à mon frère… Discret mais toujours présent…

-        Merci à ma psychologue, qui est devenue pour moi, au fil des années, bien plus qu’une thérapeute…

-        Merci à tous ceux, qui, de près ou de loin, nous ont montré leur soutien et leur compassion, lors de cette difficile épreuve…

-        Merci à Néo, pour tout ce que tu m’as apporté… Pour tout ce que tu nous as apporté… Par ton petit passage sur cette Terre, tu as enchanté ma vie…

Petite Plume…

Petit Prince…

Petit Ange…

Petit Néo…

Tu t’en es allé… sur la pointe des pieds…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                         Table des matières.

 

 

Epilogue

Chapitre 1 : L’avant.

Chapitre 2 : L’annonce.

Chapitre 3 : Comment se relever ?

Chapitre 4 : A présent et pour toujours.

Chapitre 5 : Lettre à Néo.

Chapitre 6 : Pour toutes les mamans en deuil.

Chapitre 7 : Quelques mots à l’entourage.

Chapitre 8 : Témoignages de mamans  vivant un deuil périnatal.

Remerciements.