Ta maman pour la vie

 

 

Je m'appelle Evelyne, j'ai 32 ans, j’ai cinq enfants dont un petit ange à qui ont poussé deux ailes il y a déjà quatre ans...


Voici son histoire…


Je me rappelle encore préparer ma valise, joyeuse à l’idée de te rencontrer même si je pensais que tu étais un garçon... Comme le gynécologue nous l’avait dit !


Je suis entrée le 21 au soir à l’hôpital. On m’a mis un ovule pour déclencher le travail...
Le lendemain, on m’a mis la perfusion et là, ça a commencé à bien travailler.
Vers 05 heures, tout s’accélère... Je commence à avoir très mal alors que jusqu ici tout allait bien.

Je crie, on me transporte, je pousse mais je tombe dans un trou noir... Je reviens à moi et finalement tu sors… J'aperçois ton petit corps, on ne te montre pas, tu t'en vas... Papa te rejoins, mais que se passe-t-il ?


Puis il revient avec la sage-femme, il pleure, « 
C’est une fille ! » me dit-il ! « Mais c’est bien ça ! »

 
 « Elle a un problème » me dit-il !

 

Lola ses jambes sur elle comme un siège décomplète.

On m’emmène dans ma chambre et elle va en néonatologie...

On l’intube mais je ne vois rien de tout cela. J’attends, j’ai peur.

Puis je les vois revenir, j’ai peur, il me dit : « Faut qu’elle parte à la citadelle. » « Pourquoi ? »  « Elle ne respire pas bien... »

 

Je la suis...

Arrivée là-bas, on la branche de partout !

Je dois attendre avant de pouvoir la voir.

Si j'avais su qu'elle partirait, j'aurais été encore plus la voir... Mais elle était si mal, on était toujours sur elle à travailler pour sa santé.

 

La nuit fut horrible ! La journée, pareil, elle lâchait sous respirateur artificiel... Elle convulsait, elle a fait une pleurésie, et une hémorragie pulmonaire... Rien ne va...
Et à 18 heures, le pédiatre vient dans ma chambre et nous annonce que plus rien n’est possible pour toi...


C’est la catastrophe ! Je crie, je pleure, je vomis, je délire. Pourquoi mon bébé tant attendu que j ai bercé pendant neuf mois dans mon ventre ? Pourquoi ?


Nous avons décidé de l'aider à partir dignement et nous avons décidé qu'elle avait souffert assez ! Car si elle partait seule, c'était en s'étouffant...


Donc, nous sommes allés une demi-heure après près d’elle.

Nous avons demandé à ce qu’elle soit baptisée. Mon fils a pu venir toucher sa sœur, et moi, j'ai pris dans mes bras ce petit être qui, à peine arrivée, devait déjà nous quitter.

Lola, je me souviendrai toujours de ces courtes minutes où je t'ai prise dans mes bras...


Après une demi-heure, je me suis dit que tu avais assez souffert. Je t'ai reposée sur ton petit lit, et j'ai attendu à côté de toi en te caressant la joue jusqu’à ce que tu partes... J’ai alors vu cette ligne terriblement plate sur l’écran. Ca y est, tu nous as quittés, tu ne souffres plus ma belle, tu es sereine et moi je n’arrive plus à te voir tellement je pleure. Je vais chercher l’infirmière qui vient t’ausculter et qui me dit que tu nous as bien quittés. Excuse-moi de ne pas avoir eu le courage de t’avoir lavée, je n’en avais pas le courage... Après ton bain, on t'a ramenée dans ma chambre quelques dix minutes. Tout le monde était là, te regardait, tu étais si belle !

Puis tu es descendue là-bas, tout en bas, dans cet endroit tout froid
et pendant trois jours, j’ai été te voir dans le petit lit.

Tu étais si froide, mais ça ne m’a pas choquée. Je me disais que nous étions en hiver et qu’il y avait de la neige. Je t’ai embrassée, je t’aime tant !

 

Puis il a fallu se quitter. On t'a mise dans ta petite maison blanche, je sais que tu y es bien, il y avait des petits coussins, puis je suis sortie et on a fermé ta maison...

 

Il a fallu t’enterrer...

Comme c’était dur ! Voir ton petit cercueil entrer dans ce caveau. Pourquoi ma fille, mon enfant, ma chair ?


C’est le 26 avril que je t’ai dit au revoir...

J’en peux plus tellement je pleure…

 

 

Evelyne, ta maman pour la vie, août 2006

 

 

 

 

 

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