Tant d'espoir, pour toi Alexis, notre petit ange
Alexis aurait du fêter, le 26 septembre 2006, son cinquième anniversaire. Mais c'est le jour le plus triste de toute ma vie.
Plus le temps passe et plus le souvenir de cette terrible journée est douloureux.
Je souhaiterais apporter mon témoignage, le récit de notre parcours du combattant, comme le dit mon mari, aider toutes les personnes endeuillées et qui se sentent si vides !
Mariée en 1989, nous avons eu, en 1994, un petit garçon formidable en pleine forme.
Puis en 2001, nous avons décidé d'avoir un deuxième enfant. Rapidement, je me suis retrouvée enceinte et nous étions tous les trois aux anges.
La grossesse fut assez difficile depuis le début et nous avons fait beaucoup de sacrifices.
En juillet 2001, j'ai été hospitalisée pour menace d'acccouchement prématuré. Comme j'étais enceinte de six mois et demie, je suis restée sept longues semaines à l'hôpital sans bouger, ni sortir.
Mon grand garçon était très triste et passait de longues journées avec moi à l'hôpital. Je suis enseignante et il attendait les vacances avec impatience.
Mais il était content, il était avec maman et le petit frère.
Nous étions aux anges. Le bébé était en pleine forme à la dernière échographie et c'était le plus important.
Le 5 septembre au matin, je sortais enfin de la maternité après toutes ces longues semaines !
Une sage-femme passait me voir deux fois par semaine à la maison ; J'étais très suivie mais l'impensable s'est produit.
J'étais enceinte de huit mois plein et pour nous c'était un terme inespéré.
Je sentais mon bébé bouger mais moins régulièrement : la sage-femme me disait qu'il avait moins de place pour bouger mais que le monitoring était bon.
Le 26 septembre, au matin j'étais inquiète car je ne le sentais pas bouger. La sage-femme qui m'avait suivie pour mon premier enfant était venue me rendre une petite visite vers 14 h.
Immédiatement : le monitoring, et là j'ai lu l'inquiétude sur son visage ; Je ne savais pas quoi penser. Vous n'êtes jamais préparée à cela, on ne l'aborde jamais ; C'est tabou !
Hospitalisation d'urgence, monito, puis échographie et là, la radiologue qui me dit :"Je vais fermer l'écran de contrôle, ce sera bien mieux"; Je ne comprenais rien ; J'étais seule ; Mon mari était à 1 h depuis son travail. Je pleurais, je voulais accoucher mais je ne savais pas comment on accouchait d'un enfant mort et puis j'avais toujours un faible espoir qu'ils se soient trompés, j'étais terrifiée !
Mon gynéco était là, pleurait avec moi ; A18 h, j'étais en salle d'accouchement et j'ai vécu comme vous l'enfer.
Péridurale, puis l'attente avec mon mari en larmes, effondré à mes côté.
A 22 h 30, j'ai accouché d'un magnifique petit garçon de 3k250 et de 50 cm. Mais c'était l'horreur, pas un cri rien ! Que du silence !
La sage-femme nous a apporté Alexis et j'étais désarmée, effondrée.
J'osais à peine le toucher.
Mon gynéco nous a convaincu de demander l'autopsie mais ils n’ont trouvé aucune anomalie. Rien !
L'annonce du décès à son grand frère a été terrible.
Le séjour à la maternité était terrible aussi. Je voulais que tout s'arrête, me dire que c'était un cauchemar.
Nous avons pris des décisions hâtives ne sachant quoi faire perdus ; Nous avons demandé l'incinération avec dispersion des cendres "au jardin des souvenirs".
Comme nous regrettons cette décision aujourd'hui !
Si seulement nous avions un endroit pour aller pleurer notre petit ange.
J'ai été suivie par une psy formidable à la maternité et mon gynéco m'a beaucoup aidée.
Les semaines, les mois qui ont suivi ont été terribles. Tellement d'incompréhension avec la famille, les amis, que l'on avait envie, avec mon mari, de ne plus voir personne.
Mon mari, sous le choc, a sorti une hernie discale et a dû être opéré d'urgence en novembre 2001.
Mon papa est décédé subitement en avril 2002 et l'enfer continuait.
Enfin, une petite lueur d'espoir quand je me suis retrouvée enceinte au mois de juin. La grossesse a été très difficile sur le plan psychologique. Plus le terme approchait et plus l'angoisse que cela recommence grandissait.
Heureusement, l'entourage médical a été formidable et Baptiste est bien arrivé en pleine forme le même jour que son grand frère Maxime neuf ans plus tôt ! "Quel beau cadeau tu m'as fait", m'a-t-il dit.
Aujourd'hui, Baptiste a trois ans et demi et ne pourra jamais remplacer Alexis. Le vide est toujours là ; Je lui explique qu'il a deux frères et qu'Alexis est au ciel avec son papie et sa mamie. Ma maman est morte, cela va faire deux ans. C'est très difficile, parce qu'il leur envoie des bisous, me demande quand il pourra les voir ; Mais au moins, il sait qu'il est notre 3ème enfant.
J'ai fait faire par un photographe un portrait de mes trois bébés avec les photos prises à la maternité. Elle est accrochée dans notre chambre et cela nous fait beaucoup de bien de les voir tous les trois.
Baptiste est un enfant adorable, câlin mais très déterminé et parfois usant. Nous avons eu tellement peur de le perdre ! Je pense qu'il doit le ressentir.
J'espère que mon récit vous aura aidé et sachez que je comprends votre ressenti ; On ne peut imaginer ce qu'est le fait de perdre son bébé tant que cela ne nous est pas arrivé.
Marie-Laure, octobre 2006
email : zacherml@wanadoo.fr