Un beau jour qui se termine en cauchemar

 

 

Je vais peut-être commencer par le commencement de mon histoire.

 

Jusqu’à la mort de Chloé, l’année 2002 fut une de mes plus belles années, enfin enceinte après une longue attente, notre couple qui grâce à mon état était sur un petit nuage, ma sœur qui se marie, la joie de savoir que le bébé est une fille, nos trente ans (mon mari et moi), tout était si parfait…La chute n’en fut que plus abrupte.

 

Tout était prêt pour la venue du bébé, elle devait arriver d’un jour à l’autre…

 

Les contractions ont commencé et lorsqu’elles sont devenues plus régulières, nous sommes partis à l’hôpital, tout allait bien, le cœur de ma petite battait. Ils m’ont renvoyé à la maison car le col n’était pas suffisamment ouvert, nous sommes donc retournés à la maison mais 5h plus tard la douleur est telle, que nous y retournons.

 

Dans la voiture nous discutons des prénoms.

 

Et là le drame. La sage-femme cherche le cœur du bébé, elle ne le trouve pas, elle appelle une autre sage-femme et elle non plus ne le trouve pas, je commence réellement à paniquer, je demande ce qu’il y a, ce qu’il se passe ? Et là, aucune réponse ; je panique, mon mari cherche à me rassurer mais il y rien à faire, je comprends que ça ne va pas…

 

Le médecin  arrive et me demande de changer de place, d’aller à l’échographie, toujours aucun battement du cœur ; je ne comprends rien ou je ne veux pas comprendre, j’hurle, je demande pourquoi, comment est ce possible que 4 heures auparavant tout allait bien, elles se trompent cela n’a pas le droit d’être vrai …

 

Mon mari, lui aussi, pleure, c’est donc vrai il n’y a rien à faire. La gynéco refait une échographie afin de nous prouver les faits mais c’est déjà très clair : j’ai compris l’horreur en nature. Pourquoi insiste-t-elle ?

 

Mon mari me dit qu’il est là , qu’il m’aime, il cherche à me consoler, je cherche aussi à le consoler mais nous sommes inconsolables…

 

A ce moment, je pleure mais je n’hurle plus, la douleur est de nouveau présente. Il me faudra malgré tout ça accoucher normalement, je demande à avoir une césarienne : rien à faire, elle ne veut pas.

 

On m’emmène dans la salle de travail. Nous appelons nos familles respectives, J’appelle ma mère, je lui dis que le bébé est parti mais elle ne comprend rien, je suis obligée de lui hurler : « Le bébé est mort, il n’y a plus rien. » Je suis en colère, elle essaye de me dire quelque chose, je raccroche.

 

Nous pleurons mais la douleur me fait presque oublier ma peine.

 

On me fera une péridurale 10h plus tard, mais elle n’a pas fonctionné, je ne souhaite qu’une chose : c’est que tout cela s’arrête, de tout façon ces douleurs n’ont plus raison d’être, il n’y a plus rien à part la mort et le vide. Je veux mourir.

 

Une fois la délivrance passée, j’ai entr’aperçu le bébé. Elles m’ont déplacé et demandé si nous souhaitions la voir. Je l’ai prise dans mes bras, elle est si belle, je suis fière, je la caresse, elle a la peau si douce. Nous discutons à voix basse, c’est comme si elle dormait, Pilou (mon mari) pleure,  il ne veut pas la prendre, moi je suis entre le rêve et la réalité.

 

Nous lui donnons son prénom: jusqu’à la maternité, nous hésitions entre plusieurs, et finalement nous l’appelons Chloé, le seul prénom que nous n’avions pas vraiment choisi.

Je la rends alors à la sage-femme. Après le vide. Je dors..

 

D’après l’autopsie, il y a eu un problème avec le cordon, caillot. Ils ne peuvent pas me dire pour quelle raison est apparu ce caillot

Bien entendu, je veux retomber immédiatement enceinte mais les médecins me disent d’attendre un peu, que le corps doit se remettre, je suis impatiente !! Mais mon mari tient bon, il ne déroge pas  aux dires du médecin. Il nous faut attendre au moins 3 mois. Alors je fais tout pour être en forme pour la prochaine grossesse, je me mets au régime, je vais à la piscine 3 fois par semaine…

 

Maintenant, j’ai envie de retomber enceinte mais l’envie n’est plus si urgente, je ne me l’explique pas vraiment. J’ai peur, peur de devoir revivre la même chose, je ne pourrais pas le supporter, peur de ne pas réussir à faire un enfant aussi bien beau que Chloé, ou de ne pas l’aimer ou de trop l’aimer, et  de le couver au point de l’étouffer…Ou d’être en colère que lui vive et pas Chloé.

 

Et le prénom, si c’est de nouveau une fille, comment devrons nous l’appeler, lui donner les noms que nous avions pensé pour Chloé, est ce que ce n’est pas trahir ma petite Chloé, c’est la première fois que je réalise ces peurs

 

Chloé me manque beaucoup, je lui parle régulièrement mais je ne peux pas aller me receuillir sur sa tombe: Nous habitons en Allemagne et elle est enterrée à Besançon prés de chez nos parents, C’est pour moi très difficile d’être si loin, mais nous avons fait ce choix car nous ne pensons pas nous fixer ici

 

Voilà vous savez tout ou presque !

 

Ca m’a fait du bien de tout raconter, et vous connaissez mon histoire !

 

 

Karine

 

 

Voir  la lettre anib13.gif "A ma petite Chloé"

 

 

 

 

 

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