Un sentiment d'impuisssance

 

 

Tout à commencé lors de l'échographie du 5ème mois, notre obstétricien a un doute sur le cœur : il bat normalement mais il a l'impression qu'il manque une artère. Dans le doute il nous demande de revenir le lendemain voir un de ses  collègue pour un second avis. Le lendemain, nous revenons donc à la clinique " super angoissés " depuis la veille. Après deux heures d'attente, son collègue nous reçoit et finit par nous dire qu'il ne voit rien d'anormal. Mon obstétricien, rassuré, nous donne un rendez-vous pour le mois prochain.

Au cours de l'examen du 6ème mois rebelotte, il a de sérieux doutes et nous dit "
Ecoutez je préfère vous envoyer faire une échographie cardiaque fœtale, ils ont des équipements spécialisés, il n'y a peut-être rien ne vous inquiétez pas trop mais je préfère en être certain. "  Mon mari et moi ne nous affolons pas trop, après tout il nous avait déjà fait peur pour rien un mois plus tôt.  Nous prenons bien entendu rendez-vous avec le spécialiste qui nous recevra seulement dans 15 jours.

Le jour J, le spécialiste nous reçoit et après 1/4 d'heure de consultation sans décrocher un mot, me dit : "
Rhabillez-vous et venez vous asseoir à mon bureau." Mon mari et moi nous exécutons et nous asseyons. Là, il nous annonce sans mâcher ses mots : "Effectivement, il y a bien une malformation cardiaque." C''est le choc, je lui demande tout de suite : "Que peut-on faire ?"  C'est vrai après tout avec la médecine actuelle, on se dit qu'il y a forcément une solution. Il nous annonce le nom de cette maladie : Hypoplasie du cœur gauche. Il nous explique que cette maladie est incurable et que nous avons trois solutions :

1. poursuivre la grossesse jusqu'à l'accouchement mais le cœur s'arrêtera tout seul au bout de 48 heures ;
2. poursuivre la grossesse jusqu'à l'accouchement et l'opérer à cœur ouvert dés la naissance. Mais il subira transplantation cardiaque sur transplantation cardiaque. Malgré tout il n'y a que 5% de chance de survie au delà de 5 ans d'âge ;
3. procéder à une interruption de grossesse  pour raison thérapeutique.

Il poursuit en expliquant que la décision nous appartenait et nous conseille de retourner vite voir notre obstétricien. Nous ressortons choquer, en pleure… Je m'effondre littéralement dans l'hôpital sans que personne ne s'en soucis. Heureusement que mon mari m'accompagnait...

Nous retournons consulter notre obstétricien dans la foulée, qui lui, beaucoup plus humain nous informe sur cette maladie, c'est fréquent : 1 cas sur 1000. C'est un coup de pas de chance. Il nous dit clairement que je suis jeune et qu'il n'y a malheureusement aucune chance de guérison. La meilleure solution est de mettre un terme à cette grossesse. Après discussion, la raison nous amène mon mari et moi à opter pour l'impensable : avorter.

L'obstétricien nous informe que l'accouchement se fera par les voix naturelles : deuxième choc. Il faudra que j'endure les souffrances d'un accouchement normal pour finalement prendre mon petit garçon sans vie dans mes bras. Il me dit que ça prendra de 1 à 2 jours maximum après mon entrée en clinique. Nous prenons donc rendez-vous pour une hospitalisation prévue 4 jours plus tard.

C'était particulièrement affreux . Durant ces quatre jours, je sentais toujours mon bébé bouger, je culpabilisais car j'avais l'impression qu'il me disait : "Non ne les écoute pas, je vais bien, je veux  vivre moi !" La raison faites, je suis rentrée à la clinique le jour prévu. Quelques minutes après la perfusion, je ne sentais plus le bébé bouger. Je me suis dis : il est mort. Le sentiment d'impuissance, de culpabilité me disait qu'il y avait forcément une autre solution. Maintenant, c'était trop tard. ... Je vous passe les détails mais j'ai accouché 4 jours après mon arrivée à la clinique. Le travail a duré 72 heures.

Heureusement, j'ai eu la chance d'avoir à mes côtés une sage-femme remarquable qui m'a beaucoup aidé psychologiquement. Mon mari a cru que j'allais y rester car j'avais 40 de fièvre et ma tension faisait le yoyo entre 9 et 18. De plus la veille de l'accouchement, le travail avait déjà bien commencé lors l'anesthésiste m'a posé la péridurale. Pendant la nuit, elle s'est apparemment déplacée au moment de l'accouchement je souffrais malgré la réinjections dans le cathéter. Du coup, la sage-femme rappelle l'anesthésiste et me dit : "
Désolé mais il va falloir repiquer." Avec 40 de fièvre, je tremblais de tous mes membres. Il a du s'y reprendre à trois fois avant d'y arriver, je ne vous explique pas la douleur... Et le pire est de se dire : tout ça pour rien...

 

 

 

 

 

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