Une étoile brille... C'est ta petite soeur qui te fait coucou

 

Notre petite étoile

 

«  Et à chaque fois que tu verras une belle étoile qui brille très fort dans le ciel, tu sauras que c’est ta petite sœur qui te fait coucou  ! »

 

C’est avec ces mots que nous avons imagé la mort de notre petite fille auprès de notre petit garçon  âgé de 3 ans.

 

L’histoire commence le 25 juillet 2003 ; ça y est ! Je suis enceinte. Nous désirions un deuxième enfant depuis un an déjà et là, le labo confirme que le test est positif.

 

Immergés de bonheur et d’émotions en tout sens, nous n’avons pas résisté à l’envie de partager ce bonheur conjugal avec le futur grand frère, notre fils Lilian, qui ne cessait de répéter : «Y’a quoi, maman ? Pourquoi t’es contente ? »

 

Un instant magique qui ne laissait présager que du bonheur… Une nouvelle grossesse, tant désirée, que j’allais vivre pleinement, entourée des êtres qui me sont chers. J’étais déjà folle d’amour pour ce bébé qui commençait son aventure à l’intérieur de moi…

 

Et arrivent les petits bonheurs des premiers mois : nausées, seins tendus, fatigue, plus grande émotivité mais surtout cette merveilleuse sensation de sérénité, de plénitude et d ‘accomplissement.

 

Et puis, place aux grandes discussions sur le sexe du bébé : mon mari et moi avions une légère préférence pour une petite fille et ça tombait bien, Lilian aussi ! Cela dit, un petit bout d’homme nous séduisait totalement…

 

Le 24 septembre est la date de la première échographie ; Examen de routine pour moi, je me souviens de la 1ère écho pour Lilian et de toute l’émotion qui m’avait transcendée ce jour-là ! Nous avons pensé qu’associer Lilian à ce moment serait une belle expérience… Voir l’image de son petit frère ou sa petite sœur sur un écran…

 

Et bébé apparaît ! On peut voir son petit bras droit bouger, entendre les battements de son cœur. L’émotion est au rendez-vous ; Lilian observe furtivement l’écran, sans plus ! Et puis mon gynéco change de visage, semble interpellé par je ne sais quoi ; Il remanie sans cesse l’appareil, appuie, insiste et annonce qu’il décèle un PROBLEME.

 

Immédiatement, par le regard, j’invite mon mari à éloigner Lilian car je sens la panique m’envahir et les larmes arrivent de suite, suivis de sanglots d’incompréhension et de peur soudaine.

 

Des mots viennent éclairer le fameux PROBLEME : mon bébé a un hygroma colli (décollement cutané) au niveau de la nuque d’une épaisseur de 12 mm.

 

Il faut faire des examens complémentaires.

 

Rupture totale dans le vécu de cette grossesse, qui, selon moi ne pouvait en aucun cas être soumise à des complications. Crises de larmes et d’angoisses ont pris le dessus. Que se passait-il ?

 

Le 29 septembre, prélèvement des villosités choriales (biopsie du placenta) à la maternité. Premiers résultats une semaine plus tard : une trisomie 3 est confinée au placenta mais il faut attendre les résultats d’une deuxième culture du prélèvement effectué pour voir si l’anomalie confinée au placenta a atteint le bébé ? Et une longue semaine à attendre avec angoisses, incertitudes entremêlées d’espoir ; Nous avons appris que je portais une petite fille. Redoublement de joie, d’émotions et d’amour fou… La généticienne me téléphone pour m’annoncer que, bizarrement, la 2ème culture indique un syndrome de Turner. On me dit qu’il se passe vraiment quelque chose de grave depuis le début, qu’il y a eu maldonne lors de la division cellulaire.

 

Il faut faire une amniocentèse pour y voir encore plus clair !!! Et nous, parents, nous vivons l’enfer psychologique de l’attente, de connaître la vérité, de savoir si nous pouvons espérer connaître un jour notre petite fille !

 

Mardi 14 octobre, je m’apprête à subir l’amniocentèse et là, le professeur, en observant l’image échographique, me dit brutalement que ma petite fille n’a aucune chance de vivre très longtemps en moi car il n’y a presque pas de liquide amniotique ! Un coup fatal vient de m’être porté. Je réalise que jamais je ne pourrai tenir mon petit ange dans mes bras, que jamais je n’entendrai le doux son de sa voix, que jamais, que jamais…

 

L’interruption médicale de grossesse m’est de suite conseillée… Mon mari est d’accord… Moi je me sens perdue. Ne devrais-je pas continuer de porter ma petite fille et attendre qu’elle s’éteigne ? Faut-il en finir le plus tôt possible pour ne pas nous imposer des souffrances supplémentaires ? Nous pensons finalement que le plus juste pour notre petite puce et nous-mêmes est de subir cette interruption.

 

Et là, c’est le second choc : mon gynéco m’explique que la procédure sera celle d’un accouchement normal : déclencher les contractions, attendre que le col soit dilaté, péridurale, pousser, expulser… Et tout cela en salle d’accouchement, près d’autres mamans qui donneront la vie, qui entendront leur bébé crier…

 

Je ne rentrerai pas dans les détails de cette inoubliable et douloureuse épreuve. Je dirai simplement que l’accouchement de ma petite fille m’a bouleversée tant le paradoxe de la situation et de la finalité est inacceptable et injuste… J’ai mis au monde mon deuxième enfant, ma fille d’amour sans pouvoir entendre un seul de ses cris, sans avoir eu le bonheur de la serrer dans mes bras.

 

La sage-femme me l’a retirée immédiatement après l’expulsion ; Tout mon corps était pétri de douleurs émotionnelles, des larmes de maman endeuillée ne cessaient de couler et en même temps, je n’attendais que le moment où la sage-femme allait revenir pour me présenter mon petit coeur, ma douce enfant… Et elle est arrivée, posée sur un petit plateau ; Un drap blanc recouvrait son petit corps et délicatement, la sage-femme a déplié le drap, en douceur puis a placé ma fille tout près de mon mari et moi, sur le lit.

 

Ma première réaction a été de crier de désespoir, refusant le fait qu’elle ne soit pas en vie. Puis l’apaisement a pris le dessus pour faire place à la contemplation de la chair de notre chair, notre fille tant désirée. Une dose énorme d’amour a bercé ces quelques minutes passées avec elle… Nous l’avons trouvée très jolie, toute petite certes, mais ses petites mains si délicates nous ont émus…

 

Cette rencontre éphémère est gravée à tout jamais dans mon cœur et ma mémoire.

 

Mais la douleur est cruellement installée en moi et le vide que je ressens depuis que ma petite fille n’habite plus dans mon ventre est immense.

 

Elle a quitté mon corps le 18 octobre 2003 et mes pensées gravitent quotidiennement autour d’elle ; Elle me manque horriblement et continue à habiter tout mon être. L’AMOUR que je lui porte est INDESTRUCTIBLE.

 

Ma petite étoile, mon petit ange, sache que ta maman t’aime infiniment, ton papa et ton grand frère aussi.

 

Nous ne t’oublierons jamais, non, JAMAIS !

 

 

Aline, une maman comblée et triste à tout jamais.

 

 

Voir le poème anib13.gif "A ma petite fille chérie"

Voir le faire-part de naissance de sa petite soeur anib13.gif Elise

 

 

 

 

(En septembre 2004, Aline a la joie de nous annoncer une nouvelle grossesse,

elle nous joint un anib13.gif "hommage aux mamans sur des images d'Anne Gedes" pour partager sa joie avec tous et toutes)

 

 

  

 

 

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