Dylan, mon petit prince des étoiles

En décembre 1999, j’ai su bien avant de faire le test que j’étais enceinte. J’avais attendu 3 mois, après une fausse couche survenue en septembre à 7 semaines de grossesse, et Dylan est arrivé tout de suite ! Dès le début, je ne vivais plus que pour mon bébé, plus qu’en pensant à lui. Le premier trimestre a passé comme un long fleuve tranquille, doucement. Je garde de ces quelques semaines l’émoi très fort de ses premiers mouvements en moi, sensation unique, inouïe, que seuls une mère et son enfant peuvent ressentir. Nous étions ensemble, liés par le destin, inséparables. Tu m’as offert, mon bébé, mon Dylan, le plus beau des cadeaux : celui de devenir mon fils, celui de me choisir pour mère.

A 20 semaines, j’ai pu enfin entendre ton cœur battre et te découvrir en entier sur l’écran de l’échographie. J’ai également appris que mon placenta était placé trop bas (placenta previa) et qu’il fallait prendre quelques précautions pour éviter une naissance prématurée. J’ai donc arrêté de travailler et fait des échographies toutes les 4 semaines.

A 6 mois de grossesse, un petit imprévu m’attendait : moi qui grossissait si peu, je devais faire un régime à cause d’un diabète gestationnel. J’ai suivi les conseils du médecin très rigoureusement. Avec de nouvelles analyses, il m’a confirmé que tout était rentré dans l’ordre grâce au régime que je suivais.

Le 15 juillet 2000 au matin, j’ai fait une nouvelle échographie. J’avais commencé mon 8^ème mois de grossesse. Je me souviens avoir signalé au médecin que je buvais entre 4 et 5 litres d’eau par jour. Il m’a répondu que c’était normal vu la chaleur. J’apprendrai beaucoup plus tard qu’une soif intense est l’un des signes les plus flagrant d’un diabète grave. Je me souviens également avoir demandé à ce même médecin le poids du bébé : 1,7 kg, m’a t’il répondu. Selon lui, tout allait très bien.

Durant toute cette journée du 15 juillet, Dylan a bougé comme jamais encore il ne l’avait fait. Moi je riais, heureuse, ne réalisant pas que s’il bougeait ainsi, c’était probablement parce qu’il souffrait…

Et puis toujours ce 15 juillet, vers 17h, très exactement huit heures après ma dernière échographie, j’ai eu une sensation étrange durant peut-être une minute. Ma gorge était nouée, j’avais de la peine à respirer, mes jambes flageolaient, j’avais des vertiges et des maux de tête. J’ai pensé à un simple malaise de femme enceinte…mais j’ai réalisé au bout d’une heure que Dylan ne bougeait plus. Je n’ai pas dormi la nuit suivante. Je tentais de me rassurer, en pensant à l’échographie faite quelques heures plus tôt. En même temps, une sourde inquiétude grandissait en moi, car malgré tous mes efforts et mes appels, mon bébé ne répondait pas.

Le dimanche 16 juillet 2000, 24h après la dernière échographie, je suis retournée faire un contrôle à l’hôpital, avec l’étrange sensation qu’un drame se préparait. A cet instant, je savais que mon bébé était mort, je savais que je l’avais senti partir avec mon malaise, mais je ne voulais surtout pas en prendre conscience, réaliser. J’ai donc passé ce contrôle dans un autre hôpital et avec un autre médecin que celui qui me suivait habituellement. Dès qu’elle a allumé l’écran, j’ai vu le visage de cette doctoresse se figer. Alors, d’un filet de voix, j’ai osé poser la question : « Le cœur bat toujours n’est-ce pas ? » et j’ai entendu cette terrible réponse : « Non, le cœur ne bat pas, le cœur ne bat plus. » A partir de cet instant, le monde s’est écroulé. J’ai hurlé J’ai changé de vie en profondeur, une partie de moi est morte à tout jamais.

Dylan est né par césarienne le dimanche 16 juillet 2000 à 11h20. Il pesait 2,3 kg, et non pas 1,7 kg comme me l’avait indiqué mon médecin la veille. Il mesurait 45 cm. A la naissance, Dylan aurait pesé 4,5 kg et mesuré 56cm.ce surpoids et ma soif intense étaient dus à un très fort diabète gestationnel, passé inaperçu aux analyses car complètement irrégulier.

Quelques heures après sa naissance, j’ai pris mon bébé dans mes bras, je l’ai caressé. J’ai pleuré sur son corps inerte. Il avait un beau visage joufflu, des cheveux châtain clair. Malheureusement, aucune photo n’existe de lui. Tu étais beau, Dylan, et ton visage reste gravé en moi à tout jamais. Tu as été enterré le 27 juillet 2000 dans un petit cimetière suisse. Tu as une jolie tombe que j’entretiens  soigneusement. Dans quelques pièces de la maison, un espace t’est réservé, une bougie brûle, une petite plante repose devant un exemplaire du « petit Prince. »

Et au-delà de tout cela, il y a ton souvenir qui restera à jamais gravé dans mon cœur.

Je t’aime, Dylan, pour l’éternité.

Martine, ta maman, juillet 2004

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