Samuel, mon petit ange de l’au-delà

 

 

C’est le dimanche de Pâques 2001 que j’ai eu l’immense joie d’apprendre que j’étais à nouveau enceinte. En juillet, 2000, j’avais perdu Dylan au 8ème mois de grossesse, et je mettais tous mes espoirs dans cette nouvelle grossesse. Dès les premières semaines, je fus inquiétée par de très abondants saignements, qui allaient m’accompagner durant une grande partie de ma grossesse. Heureusement, ce n’était qu’un polype, petit amas de tissus provoquant de fortes hémorragies, mais sans aucune conséquence pour le bébé. J’étais bien sûr suivie pas à pas pour cette grossesse. J’avais entièrement confiance en mon nouveau médecin, j’étais également suivie par une diabétologue et une diététicienne, et je contrôlais moi-même mon taux de sucre dans le sang six fois par jour. Les échographies furent nombreuses, et Samuel a bougé très tôt et beaucoup. Je passais une grossesse relativement sereine ; je pensais bien sûr tous les jours à ce qui était arrivé à Dylan, mais les médecins me l’avaient bien dit : JAMAIS deux fois…

Vers mi-juillet, je fus brusquement envahie d’énormes sécrétions vaginales. J’eu droit à un contrôle très complet, qui révéla que tout était normal. Le col de l’utérus était bien fermé, il n’y avait aucun risque qu’un microbe ne remonte jusqu’au bébé. Pour encore plus de sûreté, je refis le même contrôle, le 24 juillet. Tout allait bien, je n’avais pas à m’inquiéter de ces sécrétions. Dans la journée du 1er août, les sécrétions se liquéfièrent et augmentèrent encore. Samuel bougeait bien, je ne m’inquiétais donc pas. Le 2 août, je me réveillais brusquement vers 2 heures du matin. Je constatais que je perdais un peu de sang. Une sensation étrange m’envahit. Lentement, très lentement, je sentis quelque chose descendre en moi. Intriguée j’ai pris un miroir, et j’ai alors eu le plus gros choc de toute ma vie : j’ai vu le pied de mon bébé. C’est complètement tétanisée que je suis allée de toute urgence à l’hôpital…où je suis arrivée relativement sereine ! Durant le trajet, j’avais réussi à me persuader que tout cela n’était pas possible. Je ne savais pas ce que j’avais vu, mais ce n’était pas le pied de mon bébé !

A l’échographie, j’ai crié de joie en voyant le cœur de Samuel battre et en le sentant bouger. Mais le médecin (encore un inconnu) avait le visage très sombre. Le cœur battait, mais c’était bien le pied de mon bébé que j’avais vu. Le col était ouvert à 2cm, il n’y avait quasiment plus de liquide amniotique. A 20 semaines, Samuel était condamné à mourir dans les heures qui viennent, sans que personne ne puisse rien faire pour le sauver. Moment surréaliste où j’apprends tout cela alors que son petit cœur bat et que je le sens bouger… A partir de cet instant, je me suis complètement retirée du monde. Je décidais que tout cela n’était qu’un cauchemar. Je ne savais plus qui j’étais, ce que je faisais, où j’étais. Je resterai dans cet état durant environ 6 semaines !

J’appris plus tard qu’une bactérie avait réussi à passer le col de l’utérus, en provoquant en l’espace de 48 h une septicémie chez moi et une embolie pulmonaire chez Samuel, qui est décédé le 2 août 2001 à 6 heures du matin. J’ai accouché sous anesthésie générale, car j’étais moi-même en danger.

Dans le courant de l’après-midi, j’ai demandé à voir mon bébé. Deux médecins ont amené un chariot avec dessus un tout petit linge. Je me souviens m’être dit que ce n’était pas possible que Samuel soit là-dessous. Je l’ai vu et caressé, mais à ce moment-là, dans ma tête je n’ai pas pu le reconnaître comme mon fils. Pour moi, tout cela n’était qu’un cauchemar, Samuel était encore en moi. Durant plusieurs semaines ensuite, je me réveillerai la nuit en étant sûre de l’avoir senti bouger…

Il paraissait si fragile sur ce petit chariot. Sa main équivalait à la grandeur de l’ongle de mon pouce. Sa peau était encore transparente, laissant apparaître les vaisseaux. Il pesait 330gr et mesurait 26 cm.

Nous avons décidé de t’incinérer. Tu reposes dans une toute petite urne. J’ai photographié cette urne sous tous les angles, car je n’avais pas d’autres photos de toi. Ensuite, durant des semaines, je ne suis pas sortie de la maison, et je suis restée chez moi en caressant cette urne, en la serrant contre moi quasiment 24h sur 24. Il a bien fallu pourtant un jour que j’accepte un tout petit peu de suivre ton chemin. Le 24 novembre, soit près de 4 mois après ta mort, ton urne a été enterrée dans la tombe de ton frère, à la suite d’une très belle cérémonie que j’ai entièrement préparée. Tu reposes sur un lit de roses blanches que chaque ami a déposé, au son de la mélodie d’une petite boîte à musique, de textes et chansons que j’ai choisis pour toi et ton frère…

 

 

Martine, ta maman, juillet 2004

 

 

Voir le témoignage anib13.gif "Dylan, mon petit prince des étoiles"

Voir le témoignage anib13.gif "Mon tout petit"

Voir le poème anib13.gif "Blues et états d'âme"

Voir témoignage anib13.gif "Dylan"

 

 

 

 

 

 arrow04a.gif Retour liste des poèmes/lettres/récits/dessins

arrow02a.gif Retour page d'accueil